Par Blexbolex. Cornélius, 19€ et 25€, le 29 mars 2012.

Un détective est appelé pour enquêter sur un « enlèvement non désiré sur amichien« . Sa réaction ? « Ca sent le gros, gros pognon. » Et pour cause, ce « crimechien » (titre de l’album) est « net et sans ambiguïté, avec des sévices prolongés et très certainement volontaires, incluant le non-lancer de balle et le refus de promenade »… Tout un programme donc pour notre héros, qui se retrouve bientôt piégé et accusé de viles actions.

Epatant travail de Blexbolex, roi de la sérigraphie, Crimechien est un « prequel » à Hors-Zone. Lequel embarque le lecteur dans des aventures sombres et palpitantes, folles et floues : celles du détective poursuivi, toujours, qui plonge dans ses propres souvenirs. Rythmé par un incendie, un enlèvement en sous-marin, un naufrage, un combat avec un serpent ou une attaque de requins, cet imbroglio mémoriel mêle des décors éclatés et des créatures absurdes (notamment une « masse de chair artificielle dans laquelle ont choisi de se fondre plusieurs personnalités aux intérêts convergents »).

L’auteur installe son histoire sur de pleines planches, évitant les phylactères et circonscrivant le texte au bas des pages. Au fil d’un puzzle graphique fascinant, en forme de long cauchemar aux confins du fantastique, il use d’une belle trichromie (orange, bleu et vert). Excluant le trait, laissant les formes colorées pleinement s’exprimer — quitte à baver ici ou là. Il livre ainsi une captivante introspection paranoïaque, un livre dense, formellement bluffant, à fouiller en prenant son temps.

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