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Hoïchi le-sans-oreilles (et autres histoires de fantômes japonais) ***

22 avril 2013 |

picto-critique-V3-3hoichi_couvPar Martes Bathori. The Hoochie Coochie, 13€, mars 2012.

La pari d’adapter sous forme de bande dessinée quelques nouvelles horrifiques du méconnu Lafcadio Hearn, journaliste et écrivain irlandais du XIXe siècle épris de folklore japonais, tout en resituant l’action et les personnages dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, n’était pas forcément gagné d’avance. Le protéiforme Martes Bathori, plasticien décalé et auteur phare de la maison d’édition The Hoochie Coochie (dont nous avons parlé au moment de leur exposition « rétrospective »), s’en tire pourtant avec les honneurs.

hoichi_imageHoïchi et le-sans-oreilles est une histoire de « fantômes japonais ». Mais les spectres dont on parle ici ne figurent pas au rang des créatures recensées par Shigeru Mizuki dans son très recommandable Dictionnaire des yôkai. Ils hantent les protagonistes des trois récits du livre, abîmés par la guerre ou aveuglés par l’amour – quand ce n’est la cupidité. Ce sont des morts dont les vivants désirent si ardemment la présence, qu’ils en viennent à se matérialiser, dans le but évident de nuire ou réparer une injustice. L’on trouve parmi eux une amoureuse éconduite, un vagabond assassiné, un régiment de militaires mélomanes. Et les faiblesses des hommes pourraient bien leur permettre d’assouvir leur soif de vengeance…

Le graphisme de l’auteur, rappelant celui de l’expressionniste allemand George Grosz, pourrait (et ce serait dommage) en rebuter quelques-uns. L’utilisation de trames originales – dont un motif obtenu à partir de fleurs –, si elle ajoute au trouble de ces histoires et des personnages qui les parcourent, n’est pas non plus pour faciliter la lecture de l’ouvrage. Mais une fois plongé dans cet univers, difficile de décrocher ! L’intérêt de Bathori pour le pays du Soleil levant, pour son histoire, ses légendes et la langue de ses habitants, ne sont que trop palpables. L’idée assez audacieuse de transposer ces nouvelles dans les années 1940 (que Hearn, mort en 1904, n’a pas connues) rapproche de nous les événements dépeints et les ancre dans un contexte plus familier – et donc moins « exotique », ou purement folklorique. Les dialogues, mêlant les termes japonais à la gouaille des mauvais garçons de la moitié du siècle dernier, s’avèrent des plus savoureux, et prêtent parfois à sourire.

Le tout fonctionne parfaitement, ravira à n’en point douter tout amateur de fantastique à la sauce nippone, et donne envie de rapidement découvrir les autres productions de cet auteur encore trop confidentiel.

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