Automne rouge



Québec 1970. Tout commence par un banal travail scolaire: Laurent, treize ans, doit inventer un héros québécois. Mais qu’est-ce qu’un héros québécois ? Comment un héros québécois doit-il se comporter ? Laurent cherche des réponses autour de lui : du côté de sa mère, ardente syndicaliste, de sa tante Marie, serveuse dans un bar avec des problèmes de drogue, du côté de M. Lebrun, son père de substitution, un homme effacé et discret. Mais c’est surtout du côté de Jason Picard, camarade avec qui Laurent entretient des rapport houleux, qu’il trouvera peut-être certaines réponses.
Les auteurs, André-Philippe Côte et Richard Vallerand, surtout connus pour leur travail dans la presse québécoise et internationale, créent avec Automne rouge une chronique douce-amère des années 1970 au Québec. Le scénario est riche et entrecoupe différentes histoires dont Laurent est le fil conducteur. D’abord un récit initiatique, celui d’un adolescent à la recherche de ses origines – qui est-il ? qui est son père ? qu’est-ce qu’être québécois ? Mais c’est aussi une description du climat social et politique du Québec de ces années-là. Côté social : grèves, chômage, dans un monde capitaliste en pleine affirmation. Côté politique : celui du Front de Libération du Québec, qui dans les années 1960-70, agit pour un territoire québécois francophone séparé du Canada anglophone, refusant par là même les accords de Paris de 1763, par lequel le roi de France céda le Québec aux Anglais. Les auteurs, avec agilité, osent même le récit de genre, en donnant une dimension polar à leur album.
Bien que possédant de nombreux dialogues, le récit reste fluide et enlevé grâce au personnage attachant de Laurent et à la grande maîtrise scénaristique qui entremêle les intrigues avec dextérité. À cela s’ajoute un dessin soigné, à la ligne claire, aux personnages mi-réalistes mi-caricaturaux, desquels s’échappent un beau dynamisme, le tout agrémenté d’une colorisation qui, là encore, alterne réalisme et expression des sentiments, selon les cases.
Un bel ouvrage donc, au récit riche, aux dessins plaisants, qui ouvre des perspectives de réflexion tout en restant très accessible. Une réussite pour la maison québécoise La Pastèque.
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