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L’Amérique post-11-Septembre vue par des auteurs de BD

23 août 2011 |

Où en est l’Amérique, dix ans après les attentats qui l’ont traumatisée ? Pascal Delannoy, directeur de France Info en 2001, et Jean-Christophe Ogier, chroniqueur BD de la station, ont posé la question à une vingtaine d’artistes et journalistes français, américains et argentins – parmi lesquels une dizaine de dessinateurs ou auteurs de BD. Et en ont tiré un recueil, 12 Septembre, l’Amérique d’après, dont Enki Bilal a signé la couverture.

L.10EBBN001321.N001_12SEPTame_C_FRSous des formes diverses (lettre, interview, nouvelle ou bande dessinée, donc), ces contributeurs brossent un portrait souvent pessimiste. « Nous avons cru nécessaire de devoir faire la guerre partout, même sur notre propre sol, de façon plus ou moins permanente, écrit l’écrivain Russell Banks à son petit-fils, dans une missive destinée à être lue en 2031. En conséquence, en plus d’être un Etat policier, nous sommes devenus un Etat-garnison. »

L.10EBBN001321.N001_12SEPTame_Ip042p073_FROn passe ensuite, notamment, d’une nouvelle graphique de Miles Hyman à un récit du romancier Jerome Charyn, d’une correspondance – illustrée par Jul – entre l’éditorialiste du New York Times et de l’International Herald Tribune Roger Cohen et Jean-Luc Hees, le PDG de Radio France, à un dialogue dessiné entre Plantu et Daryl Cagle, caricaturiste pour msnbc.com, ou encore du glaçant Nostradamus Project de Joe Sacco (Gaza 1956, en marge de l’histoire) à La Cuisine de l’Empire par José Muñoz et Carlos Sampayo.

L.10EBBN001321.N001_12SEPTame_Ip142p161_FRUn peu plus loin, Art Spiegelman se livre dans une longue interview, parsemée des dessins colorés de Lorenzo Mattotti – en hommage au dessinateur du New Yorker Saul Steinberg (voir ci-contre). « Convaincre Art Spiegelman de participer à cet ouvrage fut compliqué, précise Jean-Christophe Ogier. D’abord, il n’était pas question qu’il dessine. Il est très pris par MetaMaus, le livre-somme qui devrait lui permettre de tourner la page de Maus. Et puis il ne veut plus dessiner les Tours, car il estime avoir tout dit avec A l’ombre des tours mortes et la une du New Yorker « noir sur noir » au lendemain de l’attaque. Ensuite, il ne nous croyait pas lorsque nous affirmions ne pas vouloir parler du passé – ce qu’il refuse absolument -, mais privilégier son regard sur l’avenir. Il a finalement accepté au bout d’un an et demi de relances… »

Dans l’entretien, l’auteur de Maus (pour lequel il obtint un prix Pulitzer spécial en 1992) regrette la polarisation des richesses – « Les riches sont encore plus riches, à tel point que cela en devient obscène. La classe moyenne a été bien mise à mal, tant et si bien que la majorité se retrouve dans les classes inférieures. » Il compare Manhattan à Disneyland, et raconte son effroi post-11-Septembre: « Voir New York passer aussi rapidement sous la loi martiale fut aussi terrifiant pour moi que l’attentat terroriste lui-même. »

Art Spiegelman s’étend aussi sur l’impact de Maus et la difficulté de passer à autre chose. « Je me retourne et je fixe cette putain de souris, mouse/Maus, qui me poursuit depuis maintenant des décennies. C’est le 25e anniversaire de la première édition de Maus. J’ai accepté de faire un bouquin il y a six ans [MetaMaus], j’ai passé cinq ans et demi à l’éditer. C’est est un guide, un addendum. C’est en quelque sorte le bonus de Maus avec un DVD, sur lequel on trouvera les entretiens que j’ai menés avec mon père. (…) En gros, je raconte que, pendant vingt ans, j’ai été poursuivi par des gens qui voulaient me parler du livre. Et en fait, ce qu’on me demandait à chaque fois peut se résumer à trois questions: pourquoi une BD ? Pourquoi des souris ? Pourquoi l’Holocauste ? Je me suis dit que si j’arrivais à répondre de façon exhaustive à ces trois questions, la prochaine fois qu’une personne viendrait me relancer, je pourrais dire « plus jamais », comme pour Auschwitz. J’essaie donc de voir si je peux retirer ce masque de Maus soudé à mon visage. Ca a été un privilège de le porter mais parfois, c’est dur de respirer à travers. » Un témoignage d’une franchise saisissante, qui met en lumière le malaise du créateur face à l’accueil public de son oeuvre.

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12 Septembre, l’Amérique d’après
Collectif supervisé par Jean-Christophe Ogier et Pascal Delannoy. Avec Enki Bilal, Russell Banks, Sophia Aram, Miles Hyman, Jerome Charyn, Roger Cohen, Jean-Luc Hees, Jul, Daryl Cagle, Plantu, José Muñoz, Carlos Sampayo, Joe Sacco, Art Spiegelman, Lorenzo Mattotti, CharlElie Couture, Jacques Ferrier, Barbara Hendricks, et Fabienne Sintes.
Casterman/Radio France, 22,50€, le 17 août 2011.

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