Angoulême 2016 : l’expo Jean-Christophe Menu
Excellente idée du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême de consacrer une exposition à un auteur et éditeur aussi intransigeant qu’ambitieux : Jean-Christophe Menu.
Cofondateur de L’Association, qu’il a dirigée de fait pendant des années, puis fondateur de L’Apocalypse, Jean-Christophe Menu a parfois laissé son travail d’auteur passer au second plan derrière celui d’éditeur. L’exposition installée dans l’Hôtel Saint-Simon – qui avait notamment vu celles consacrées à Fred et Willem – permet de se plonger dans une oeuvre abondante et touffue, mue par le désir permanent d’interroger le médium bande dessinée dans ses mécaniques et sa poétique.
On découvre ainsi pléthore d’originaux, sobrement exposés par ordre chronologique, de Meder aux Chroquettes parues dans Fluide Glacial, en passant par Lurie Ginol, La Topographie du M, Adieu Chaminou, Lock Groove Comix, Donjon, Livret de phamille, Métamune Comix, ou une histoire inédite à paraître la nouvelle revue de Casterman, Pandora. Et l’on se perd à lire à ces planches chargées de texte et d’encre, pour mieux saisir le personnage et auteur affectionnant les expérimentations.
Et pour commenter ces planches, de petits cartels en lettres manuscrites rouges, expliquant les circonstances de leur création, et balançant des sentences rageuses ou pleine d’autodérision, interpellant le visiteur-lecteur dans son rapport à la bande dessinée – et instaurant un dialogue avec lui. Sur l’un de ces cartels, Menu suggère que les épiphanies ne devraient pas rester l’apanage de la poésie, mais trouver une expression aussi en BD. On le sent, dans plusieurs de ses pages, que ce soit celles autour de son monde du Mont-Vérité ou ses récits de rêves : Jean-Christophe Menu tend à créer de la poésie en dessin, trouver une forme graphique (dont l’écriture manuscrite fait partie intégrante) pour s’adresser au monde comme un poète.
C’est là la grande vertu de cette exposition concoctée de A à Z par l’auteur lui-même. Révéler une partie de son travail, de création et de réflexion sur la bande dessinée. Il ne manque peut-être que quelques aperçus sur son parcours personnel et son univers intime… Mais cela, il faut aller le chercher dans les planches et les récits, souvent autobiographiques.
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