Cassandra Darke



Imaginez Tatie Danielle, l’insupportable vieillarde filmée par Étienne Chatiliez, en version « so british ». Vous obtiendrez Cassandra Darke, marchande d’art londonienne divorcée (son ex mari a épousé sa soeur par alliance, d’une écoeurante bienveillance). Elle truande les collectionneurs et se retrouve mise au ban de la « high society », obligée de faire des travaux d’intérêt public. Elle qui semble n’aimer que son chien héberge sa nièce Nicki, on ne sait réellement pourquoi – intérêt, curiosité, accès subit d’esprit de Noël, ennui ?
Cette dernière promène le cabot, organise des performances artistiques féministes (dénonçant les « nus abusés », chefs d’oeuvre picturaux glorifiant des viols, exposés dans les musées). Surtout, elle se retrouve dans un bar mal fréquenté, proie d’un loubard violent. De façon impromptue, la jeune femme se retrouve en possession d’un revolver utilisé pour un crime, qu’elle va cacher chez Cassandra, impliquant la rombière dans une affaire ultra louche…
L’Anglaise Posy Simmonds (Gemma Bovery, Tamara Drewe) s’amuse ici à bousculer les clichés, s’inspirant très librement d’Un conte de Noël de Charles Dickens. Cassandra, sorte d’Ebenezer Scrooge au féminin, ravit par sa liberté de ton, d’action, son côté amoral assumé. Comme à son habitude, l’autrice mêle dessins élégants aux teintes douces et pavés de texte pour, dit-elle, « permettre aux lecteurs de se reposer des images ». L’agencement, d’abord déroutant, fonctionne efficacement. C’est que cette chronique sociale plaisante, qui égratigne à peu près tous et toutes, se déguste comme un polar bien ficelé, porté par une ironie féministe mordante et un brin de tendresse.
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