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Comment les paradis fiscaux ont ruiné mon petit-déjeuner

29 novembre 2019 |
SERIE
Comment les paradis fiscaux ont ruiné mon petit-déjeuner
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
21 €
DATE DE SORTIE
16/05/2019
EAN
2897194731
Achat :

Un matin, un jeune homme en a assez de constater l’inaction des gouvernements face à la destruction de la planète et à l’évasion fiscale. Il décide alors de boycotter toutes les entreprises qui ne seraient pas éthiques. Et c’est là que les ennuis commencent… Si ne plus rien se faire livrer par Amazon paraît simple, il est parfois bien plus difficile de retracer l’entreprise derrière la marque, possédée par une société-écran, qui remplit votre bol de céréales. Et que dire quand, en faisant exprès d’acheter un bien d’occasion chez un indépendant, on se retrouve in fine avec un colis Amazon, qui a envahit les sous-traitances ? Une absurdité malheureusement très réelle, que François Samson-Dunlop, auteur de BD québécois, souligne de plusieurs manières au fil des chapitres, toujours teinté d’acerbe ironie.

paradis-fiscaux-imageSi notre « héros » tente tant bien que mal de suivre ses convictions, c’est au risque de parfois se laisser aller à un peu de dissonance cognitive ou, surtout, de lasser des proches. Si les réactions sont évidemment extrêmes, il reste que cette bande dessinée documentaire qui s’appuie massivement sur les travaux de l’économiste Alain Deneault (qui signe la postface) permet de bien montrer qu’on ne peut se sortir seul de cet ultralibéralisme qui saura toujours vous contourner. En entrant par des objets et actions du quotidien, il montre combien, même en voulant être en marge, quasiment tout ce que l’on croise, y compris des services publics, se retrouvent sans cesse connectés à de grandes entreprises pas toujours recommandables. Pas même de complotisme ici, toutes les données sont dramatiquement transparentes, on ne peut juste pas y échapper.

Si le but est clairement pédagogique (l’éditeur, spécialisé en sciences humaines, publie d’ailleurs sa première bande dessinée), la mise en scène est particulièrement drôle et a le mérite de changer de certains discours écologistes très à la mode qui semblent donner tout pouvoir à l’individu et au repli sur soi. Si les actes personnels sont bien sûr importants, ils restent des gouttes dans l’océan. En décrivant les mécanismes du marché et tout ce qui leur permet d’établir cette domination, notamment des lois toujours plus libérales et un refus de véritablement combattre l’exil fiscal, il est implacablement démontré que seuls la régulation, la norme, le contrôle, etc. permettent réellement d’avancer rapidement dans ces luttes. Et derrière le désespoir presque tragique du personnage principal, se dessinent des moyens d’action, non saisis, pour remettre ce monde à l’endroit.

À ce titre, cette bande dessinée pince-sans-rire paraît extrêmement rafraichissante en rappelant que si le colibri est mignon en éteignant l’incendie, il mourra brûlé si les éléphants alimentent le feu plutôt que d’être forcés à l’éteindre.

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