I.N.J. Culbard continue son adaptation des oeuvres du romancier américain H.P Lovecraft, créateur du mythe de Cthulhu entre autres. Après Les Montagnes hallucinées (prix British Fantasy du meilleur comics) et L’Affaire Charles Dexter Ward, l’auteur anglo-polonais nous entraîne dans l’abîme du temps.

Professeur émérite d’économie politique, Nathaniel Peaslee déroule à son fils le récit de sa vie, des plus troublants. Entre 1907 et 1913, il a vu son esprit enlevé par des créatures issues de temps immémoriaux. Bien que quelque peu possédé, il est resté très actif durant ces sombres années, et a développé une hypermnésie étonnante. Une fois son esprit retrouvé, son âme et ses nuits sont perturbées par des pensées qui semblent plus proches des souvenirs que des rêves. Il publie celles-ci et ses travaux sont remarqués par un chercheur qui requiert ses services afin de mener une exploration en Australie occidentale.

Si l’on tient compte de la tâche que constitue l’adaptation de l’oeuvre de Lovecraft en BD, l’auteur ne s’en sort pas si mal. Les allers-retours rythmés entre les différentes époques laissent le lecteur dans un vide sidéral créé de main de maître. Mais les lourdeurs narratives de l’album desservent l’immersion et le potentiel effrayant de l’histoire. D’autre part, le dessin de Culbard n’avive pas l’imagination car, si tout est montré, cela ne semble pourtant pas assez, le mystère n’opèrant guère. Malgré une adaptation fidèle et un rendu des couleurs réussi, la copie semble donc à revoir. On est néanmoins en droit de s’interroger : l’adaptation ne pâtit-elle pas d’une intrigue originale qui n’aurait elle-même pas passé l’épreuve du temps ?

Alexis Gacon