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Enferme-moi si tu peux

30 juillet 2019 |
SERIE
Enferme-moi si tu peux
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
23 €
DATE DE SORTIE
01/05/2019
EAN
2203162813
Achat :

enferme-moi-si-tu-peux_image1 Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg s’intéressent à quelques personnalités hors normes, des hommes et femmes mis à l’écart à leur époque – entre le fin du XIXe et le milieu du XXe siècle – car ils étaient pauvres, vieux, malades, fous. Mais qui ont réussi, poussés par une force intérieure quasi surnaturelle, à dépasser leur enfermement social par l’art. Le facteur Cheval qui construisit son palais idéal, la romantique schizophrène Aloïse qui retrouva un équilibre dans ses crayons de couleurs, le mineur Augustin Lesage devenu peintre miniaturiste sous l’inspiration d’un esprit, la maudite Madge Gill qui se découvrit un salutaire don pour le dessin, le médium Marjan Gruzewski à la main handicapée mais qui devenait peintre en état de transe, ou la trisomique sourde Judith Scott qui finit par communiquer avec le monde en réalisant des oeuvres recouvertes de fils de laine. Autant de pionniers de ce qu’on a baptisé plus tard l’art brut, autant de destins qui auraient pu être tragiques mais qui ont montré qu’on ne peut toujours enfermer « l’anormalité » dans une cage.

Pour conter ces petites biographies, les auteurs adoptent un ton direct plaisant et malin : la scénariste parle aux artistes directement, donne ses impressions, et eux conversent entre eux, lançant des clins d’oeil complices au lecteur. Car une des thèses sous-jacentes à l’album est que, pour certains de ces artistes classés à l’époque comme fous, marginaux ou asociaux, leur état était en partie simulé ou exagéré, afin qu’on les laisse tranquille et qu’on leur permette de sortir de leur condition première : bâtarde, ou femme tout simplement, handicapé, pauvre depuis trois générations, solitaire… Une thèse séduisante, pas vraiment étayée, mais peu importe : elle permet de jeter un regard neuf sur ces personnalités et de s’interroger à la fois sur ce qu’on considère comme normal aujourd’hui – et qu’est-ce qui a vraiment changé depuis 100 ans? –, et sur la récupération de leur travail par un marché de l’art terriblement cynique. Mais ces questionnements pertinents ne se font jamais au détriment du récit, les chapitres étant contés avec grâce et légèreté, par un dessin sans cesse mouvant, s’adaptant aux époques et aux personnages, toujours en recherche de l’image évocatrice plutôt que du cliché réaliste. Passionnant et poignant.

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