Falafel sauce piquante
Le petit Michel, 15 ans, se rend à Tel Aviv à l’été 1969 pour voir sa tante Paula, travailler la terre dans un kibboutz et visiter le pays. Entre les 35° à l’ombre et une langue, l’hébreu, qui ressemble à du chinois, le jeune belge d’origine juive est complètement perdu. Mais peu à peu, c’est l’émerveillement : les paysages, le premier baiser, le premier voyage, le premier appareil photo. Il tombe littéralement amoureux. Pas d’une fille, mais bien d’une ville, sans grande explication rationnelle. C’est décidé, après un deuxième été passé là-bas chez sa sœur, Michel fait le grand saut, l’alyah (“élévation” en hébreu) et part s’installer en février 1974…
Michel Kichka, auteur et dessinateur de presse (Deuxième génération), retrace dans Falafel, sauce piquante, son parcours de vie, celui d’un belge laïc partagé entre « deux mondes, deux cultures, deux mentalités ». Le récit évoque le déracinement et le quotidien d’un ado juif mais pas croyant, d’abord étranger à l’histoire et à la vie politique qui, peu à peu, prend conscience de la valeur de son engagement. L’occasion de brosser le portrait d’un pays militarisé, en proie à un état de siège permanent. Et de montrer la crainte du terrorisme et le fossé grandissant entre des dirigeants radicaux et une population divisée, n’aspirant le plus souvent qu’à la paix. Comme une quête initiatique, Michel apprend la langue, s’intègre, fonde une famille, entre peurs et joie de vivre. Et réfléchit sur les enjeux géopolitiques de son pays, jusqu’à s’engager. Contre la censure et pour la liberté de la presse (il a créé Cartooning for Peace avec Plantu).
Dense et intéressant pour le lecteur peu familier d’Israël et de son présent, l’album offre un regard différent sur le pays mais laisse toutefois un peu sur sa faim. Car si le dessin réaliste et les couleurs légères, gorgés de lumière estivale, rendent l’album plaisant, la narration se révèle en revanche monotone, malgré l’humour souvent bien pesé et la tendresse sous-jacente. Il s’agit ici d’informer, en toute simplicité. Ni plus ni moins. Et Michel, dans l’album, manque de personnalité ou de relief, d’où un manque d’empathie à son égard. À l’image du récit, qui manque de piquant justement. Un falafel pas désagréable, mais qu’on aurait aimé un peu plus relevé.
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