GIFT± #1-11
Tamaki Suzuhara est une lycéenne hors norme. Si toutes ses camarades vivent leur vie d’une manière tout ce qu’il y a de plus classique, elle passe son temps libre à chasser des « baleines »… Alors non, elle n’est pas passionnée par les plus imposants des mammifères marins, mais par des êtres humains. Mais pas n’importe lesquels, ceux qui ont commis les pires atrocités, et qui à l’instar des baleines seront dépecés pour en retirer le maximum. Derrière Tamaki se cachent des réseaux obscurs de trafic d’organes et des organisations souterraines qui se permettent de prendre à ceux qui ne le méritent plus, pour donner à ceux qui en ont besoin… en toute illégalité, évidemment.
La mangaka Yuka Nagate n’en est pas à son coup d’essai et a forgé son univers adulte aux côtés de Tetsuo Hara (Hokuto no Ken, Keiji, Cyber blue…) et Buronson (Sanctuary, Heat, Strain…). On retrouve dans son récit la noirceur et la violence de ses deux maîtres. Alors qu’ils aimaient bien mettre en scène des hommes virils, Yuka Nagate préfère utiliser une femme forte qui n’a rien à leur envier. Jamais dans le compromis, totalement détachée de son action chirurgicale, elle endosse son rôle sans broncher.
L’autre force de l’autrice est son dessin. Cet atout séduction non négligeable passe d’un trait léché et sombre à l’utilisation de somptueux lavis sublimant certaines scènes. Il utilise parfaitement ses capacités narratives et sa portée dramatique. Il soutient également très bien la tension et le suspense.
Sans jamais tourner en rond, l’intrigue de GIFT± s’étoffe constamment avec de nouvelles pistes et trames narratives fluides et bien trouvées, tout en laissant beaucoup de la place à son personnage principal, son passé et ses collègues. Cette série pose également des questions éthiques, développe une intrigue policière qui s’étale sur le long cours.
GIFT± s’impose comme un bon thriller, qui divertit, intrigue et interroge sur le bien, le mal et la valeur de la vie. Formellement efficace et prenant, le récit est bien équilibré. Il joue sur plusieurs tableaux, s’adresse à un public averti, mais ne fait jamais dans la gratuité. On lui concède quelques facilités, mais cela ne gâche en rien ses qualités. En plus, avec déjà 15 tomes au Japon, et un tirage de plus de 2,6 millions d’exemplaires, on sait que l’autrice aura le temps de nous mener où elle veut et qu’on en a encore pour de bonnes heures de lectures à ses côtés.
© Yuka Nagate 2016 – Traduction : Arnaud Delage
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