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L’Argentin Liniers expose sa joie de vivre dans « Macanudo »

7 février 2011 |

liniers_introDans la série Macanudo, qui compile des strips parus dans le quotidien La Nacion, Liniers croque des scènes absurdes et craquantes, mettant en scène des pingouins, la petite Enriqueta, son ours Madariaga et son chat Fellini, Oliverio l’olive ou encore Z-25 le robot sensible. Rencontre avec l’auteur argentin, âgé de 37 ans et prompt à la plaisanterie.

macanudo_2_1Que signifie le terme « macanudo »?
On ne l’utilise qu’en Argentine, et pas ailleurs en Amérique Latine. Ce mot est très optimiste, il permet de qualifier une personne sympathique ou une situation agréable.

Quelle est l’origine de la série Macanudo?
J’ai commencé à travailler pour le quotidien La Nacion, à Buenos Aires, en 2002. A l’époque, le pays était plongé dans une crise économique gigantesque. Les journaux se montraient très pessimistes, alors j’ai décidé d’aller à contre-courant et de distiller un peu de joie et d’humour entre leurs pages. Mais j’ai pas mal gambergé avant de me décider: la mode était aux séries thématiques, comme Dilbert de Scott Adams [qui décrit la vie de bureau]. Pas de chance, je n’avais jamais travaillé dans une entreprise – d’ailleurs je ne suis expert en rien! Je me suis donc concentré sur ce qui me faisait rire, tout simplement.

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macanudo_2_5Comment vos personnages sont-ils nés?
Ils sont venus de moi, de mon enfance. Prenez le robot sensible Z-25: je suis comme lui, si vous me montrez un film dont l’héroïne est blessée, je me mets à pleurer… La petite Enriqueta ne communique qu’avec son chat et son nounours, elle est introvertie comme moi à son âge. J’aime que l’humour soit parcouru d’éclairs de tristesse, et créer ainsi un paradoxe émotionnel.

Pourquoi dessinez-vous autant de pingouins?
En Argentine, ce sont des animaux courants, souvent considérés comme stupides et amusants. Il suffit de les voir marcher en se balançant et tomber… Ce sont, par nature, des personnages quasiment “choplinesques”! Et donc un matériau idéal pour un dessinateur.

macanudo_2_3Quelles ont été vos influences en matière de bande dessinée?
Comme tous les gens de ma génération, j’ai appris à lire avec Mafalda de Quino, même si je ne comprenais pas tout. J’ai ensuite dévoré Tintin, Astérix, Peanuts. J’étais avide, je réclamais toujours plus de BD! Adolescent, j’ai été attiré par les belles femmes de Manara, puis je suis passé à Spiegelman. Actuellement, j’adore les auteurs français, en particulier Joann Sfar, Dupuy-Berberian, Lewis Trondheim et Christophe Blain. Ils ont un style littéraire, et savent embarquer leurs lecteurs dans leurs histoires. Leurs albums sont tellement bons qu’ils me dépriment! Je ne me sens pas à la hauteur…

macanudo_2_6Quel est votre parcours?
A l’école, je dessinais tout le temps. Et puis, à 18 ans – probablement à cause de mes hormones ou pour marcher sur les traces de mon père -, j’ai commencé des études de droit. Six mois plus tard, je me sentais comme un travesti, dans le corps d’un autre. Je suis alors retourné au dessin. J’ai fait de l’illustration, et un coup de pouce du destin m’a permis d’entrer à La Nacion. Alors je me suis mis à dessiner des pingouins à la chaîne, comme un fou!

Comment travaillez-vous?
Je consacre ma matinée aux strips de La Nacion. Cela demande de la rigueur, de l’organisation, ce qui n’est pas mon fort. Je travaille à l’ancienne, avec des crayons, des aquarelles, un peu comme Gepetto dans son atelier. Après, je m’éparpille: je dessine des pochettes de CD, des affiches de films, je peins, je donne des concerts de dessin avec le chanteur Kevin Johansen… Comme je dis oui à tout ce qu’on me propose, ma vie est un bazar permanent! Par exemple, j’ai dessiné à la main 5000 couvertures du sixième épisode de Macanudo, façon pré-Gutenberg. Ce fut horrible.

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macanudo_2_7Quels sont vos projets?
Je prépare un roman graphique tiré d’une histoire de l’écrivain mexicain Mario Bellatin. Je lui ai envoyé des dessins, il va réécrire l’intrigue, et ensuite je vais redessiner le tout. On y verra un entomologiste japonais partir en Afrique… Et puis je continue à m’impliquer dans ma propre maison d’édition, La Editorial Comun. Dans un pays où peu de gens s’intéressent à la bande dessinée, je publie des auteurs locaux et des étrangers, comme l’Américain Dash Shaw.

Propos recueillis et traduits (de l’anglais) par Laurence Le Saux


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Macanudo #2
Par Liniers.
La Pastèque, 19 €, janvier 2011.

Images © La Pastèque.

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