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LES + DU BLOG : « L’HOMME QUI S’ÉVADA »

27 septembre 2006 |

DIEUDONNE, RESCAPE DE L’ENFER

L’Homme qui s’évada raconte une histoire de courage. Le courage d’un ébéniste, Dieudonné, envoyé injustement au bagne et qui tentera de s’en évader. Le courage d’un journaliste, Albert Londres, qui prendra sa défense et dénoncera le sort des bagnards en Guyane française dans son livre Au bagne (1923). « L’homme de plume vient aider l’homme de peine… » écrivirent les journaux de l’époque. Et c’est un homme de pinceau, Laurent Maffre, qui adapte ce récit en BD, nous rappelant quelques sombres heures de l’Histoire française, rarement évoquées.
L’Homme qui s’évada raconte une histoire terrifiante et bouleversante. La description du bagne par Albert Londres serre la gorge. Les forçats travaillent pieds nus, les intestins infestés de vers. Sans aucun soin. Ceux qui ont désobéi travaillent nus dans les marais infestés de moustiques et sont abattus au moindre écart. La peine des bagnards est double : un homme condamné à cinq ans doit passer ensuite autant d’années en Guyane, entre misère et chômage. L’évasion de Dieudonné est un véritable miracle que l’on suit avec l’angoisse de voir les policiers surgir, les passeurs trahir, la jungle triompher.


L’Homme qui s’évada raconte une histoire qui s’adapte parfaitement en BD. Car au bagne, les corps montrent la souffrance des hommes mieux que leur parole ne saurait le faire. Le dessin humaniste, fruste et sans fioriture de Maffre décrit parfaitement ces corps labourés par les travaux, le soleil, la fatigue et la faim. Et, comme si cela ne suffisait pas, les bagnards ajoutent leur propre marque à leur seule possession : leur corps. Les torses, estampillés d’un « Pas de veine », les bras, décorés de tatouages, témoignent de leur vie passée.
L’Homme qui s’évada raconte une aventure épique et poignante, tout en faisant réfléchir sur les “ mérites ” d’une détention qui mélange « les mauvais, les pourris, les égarés, ce qui est perdu et ce qui pourrait être sauvé ». Une incroyable histoire vraie.
Allison REBER

L’Homme qui s’évada, de Laurent Maffre d’après Albert Londres, Actes Sud, 128 pages en bichromie, 22 euros.

(Illustrations extraites de L’Homme qui s’évada © Actes Sud)

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