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Les + du blog : « PAPIERS NICKELES »

19 octobre 2006 |

Extrait de la planche d’essai effectuée par Krist Mirror pour les Marin-Bourdel 4 (cliquez pour voir la planche entière).

PAS TOUJOURS NICKELS
Un album c’est un scénariste et un dessinateur. Quand le couple boit la tasse en cours de série, le lecteur trinque. C’est ce qui est arrivé aux amateurs des Morin-Lourdel, une série historico-sociale sur le destin croisé de deux familles –une riche, une pauvre- dans la première moitié du XXe siècle. Une histoire solidement charpentée par un vieux routier, Raymond Maric, et dessinée d’une manière surprenante pour une histoire réaliste, mais très attachante, par Baron Brumaire le temps de trois albums. Sept ans se sont écoulés entre le deuxième (1996) et le troisième (2003), sur fond de rumeurs de bisbille entre Glénat et Baron Brumaire.


Aujourd’hui, Krist Mirror (Amiante) raconte comment il fut contacté par Maric pour terminer le premier cycle en cours après le divorce entre Baron Brumaire et Glénat. Comment il écouta Raymond raconter sa jeunesse à Nice dans les années quarante. Il jouait alors aux petits soldats avec son copain de palier sans comprendre pourquoi celui-ci prenait toujours le parti des Allemands. Il pigera plus tard, lorsqu’il découvrira que le père du copain s’appelait Joseph Darnand et dirigeait la Milice française aux ordres de la Gestapo.
Mirror réalisa quelques essais –à mille lieues du travail de Baron Brumaire- que Maric promit de transmettre à Glénat. Hélas raconte Mirror, la tentative de sauvetage fut sans suite, « Henri Filippini de Glénat n’ayant jamais aimé ni mon style, ni ma démarche. » Et de conclure : « Il n’y a pas eu de suite à ma connaissance aux Morin-Lourdel, au grand désarroi sans doute de Raymond.» Aujourd’hui Maric n’est plus et Mirror a confié ses souvenirs et quelque-uns de ses essais sur les Morin-Lourdel à la revue Papiers nickelés.
A lire ce qui précède, la conclusion est évidente. Les sans-cœur de chez Glénat ont bloqué un projet qui aurait adouci la fin de vie d’un auteur respectable. Manque de pot, le tome 4 des Morin-Lourdel est sorti, en 2005, bouclant le cycle. Le dessin a finalement été confié à Chouin qui réussit la gageure de rester dans l’esprit du dessin de Baron Brumaire. Glénat a donc bien rempli son contrat vis-à-vis des lecteurs de la série. Que Krist Mirror ait ignoré la sortie de ce quatrième titre, on peut s’étonner de ce manque de curiosité à l’heure du Net, mais le comprendre. C’est plus étonnant de la part de Papiers nickelés, dont le comité de rédaction compte des spécialistes BD connus et reconnus.
Cette « revue de l’image populaire », petite par le poids (24 pages), offre une série de sujets délicieusement surannés qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Le numéro 10 propose ainsi une rétrospective de l’œuvre de Pierre Couronne, l’homme qui dessina tant de belles et fines femmes avant que la photo ne détrône le dessin dans le monde de la pub, quelques gouaches remarquables d’un certain Sim sur la révolution espagnole de 1936, les confidences de Gérard Liger-Belair qui réalisa et commercialisa à la demande d’Hergé la maquette du Stratonef H.22 de Jo, Zette et Jocko, et lui procura les plans du navire La Licorne pour Tintin.
Beaucoup moins convaincant, un long papier explique que, depuis les années soixante, les comics ont été moins massacrés par les Québécois que par les Français, et cela au nom d’un « courant libéral profond » (le mot libéral n’avait pas à l’époque la même connotation qu’aujourd’hui). Et l’auteur d’affirmer que, dans la France de 2006, la liberté d’expression est toujours illusoire. Rien que ça ! Que Lug ait coupé à la hache dans la surproduction américaine et voulu s’éviter trop d’ennuis avec une censure pointilleuse jusqu’à la débilité sur les scènes de violence, c’est évident. De là à parler d’une « classe dirigeante française dont l’enjeu premier est d’occuper le terrain laissé vacant par l’église»… D’autant que le discours s’appuie sur la publication de quatre pages d’un combat de Spider-Man publiées intégralement au Québec en 1976 et réduite à deux par Lug en 1982. Putain de scandale ! Heureusement pour les censeurs de l’époque, la guillotine n’est plus d’actualité. Heureusement pour l’auteur de l’article, le ridicule ne tue plus.


Extrait de la planche des Marin-Bourdel 4 réalisée par Chouin (cliquez pour voir la planche entière).

Papiers Nickelés # 10, 5 euros, abt : 20 euros les 4 n°, chèque à l’ordre du CIP, à envoyer à Jacques Bisceglia, Les Erables, 36 rue de Picpus, 75012, Paris. Papiers.nickeles@wanadoo.fr

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