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Mamiya Takizaki et Ki-oon : 10 ans d’amour

3 février 2014 |

takizaki_couleur1Fin 2003, Ahmed Agne et Cécile Pournin lançaient les éditions Ki-oon sur le marché du manga avec Element Line, une création originale de Mamiya Takizaki. Dix ans, des partenariats avec des grands éditeurs japonais et une belle ascension plus tard, l’éditeur indépendant renoue avec des œuvres inédites. Ash & Eli est l’une d’entre elles et nous entraîne dans un univers imaginaire pour suivre la quête initiatique de deux adolescents réunis par le destin et la magie… Présente à Japan Expo l’été dernier, Mamiya Takizaki a accepté de répondre à nos questions sur ce nouveau projet, en compagnie du cofondateur de sa maison d’édition, qui célèbre en 2014 son dixième anniversaire tous azimuts.

Element Line s’est achevé en 2009. Qu’avez-vous fait entre la fin de cette série et le début d’Ash & Eli ?

Mamiya Takizaki : À ce moment-là, j’ai éprouvé le besoin de me ressourcer. J’ai donc décidé de faire autre chose et j’ai travaillé en tant qu’assistante pour d’autres mangakas, dont Satoru Yuiga (At Laz Meridian, E’S). J’ai également tenté d’améliorer mon style graphique.

Comment est né Ash & Eli ?

M. T. : Lorsque j’ai achevé Element Line, les éditions Ki-oon m’ont proposé ce nouveau projet. L’idée me plaisait bien, mais comme j’étais très occupée par mon travail d’assistante, j’ai dû décliner pendant plusieurs mois. Je suis ensuite revenue vers eux quand mon emploi du temps me l’a permis…

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Ahmed Agne : Après avoir débuté avec des créations originales, nous avons énormément travaillé avec des éditeurs japonais. Cela nous occupait beaucoup et on ne pouvait plus se consacrer à des auteurs. Et puis on a commencé à élargir notre staff et donc à se dégager un peu plus de temps et de ressources pour ça. En 2009, quand nous avons envisagé de revenir à de la création, nous nous sommes naturellement tournés vers les auteurs avec qui nous avions déjà travaillé : Tetsuya Tsutsui (Prophecy), Keisuké Kotobuki (Roji !) et Mamiya Takizaki. takizaki_pigComme Mamiya était notre premier auteur, elle tenait une place toute particulière dans notre catalogue. En plus, tout s’était bien passé avec Element Line, on l’a donc démarché tout de suite à la fin de sa série. Malheureusement, le sensei chez qui elle travaillait allait avoir sa série adaptée en animé et se retrouvait donc avec trois fois plus de travail et la nécessité de l’avoir comme assistante. On a dû attendre environ dix mois pour lancer réellement le projet et travailler sur le background de la série.

Comment s’organise le travail avec Ki-oon ?

M. T. : Dans un premier temps, je propose plusieurs idées à l’éditeur qui me fait ensuite ses retours et on échange ensuite beaucoup à partir de là.

A. A. : La seule consigne qu’on lui a donné au départ c’est qu’on voulait faire un shônen d’aventure dans un univers de fantasy.

Mais concrètement, comment se déroulent ces échanges ?

A. A. : Cécile Pournin et moi allons au Japon deux fois par an. On en profite donc pour faire une grosse réunion Ash & Eli à chaque fois : pour parler du design des nouveaux personnages, du scénario des chapitres à venir, etc. Mais en dehors de ça, 80% des discussions ont lieu par mails ou par Skype. On reçoit ensuite les éléments à chaque nouveau chapitre. D’abord les story-boards, puis les crayonnés et enfin les planches encrés qu’on fait traduire au fur et à mesure.

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Êtes-vous toujours tombés d’accord sur la direction à donner à la série ?

A.A. (après un cours échange en japonais avec  Mamiya Takizaki) : Au départ, il y a eu… on ne va pas dire une baston, mais un changement de cap assez important. Au départ, donc, c’est le personnage féminin qui possédait le grimoire et les pouvoirs magiques. Mais Cécile et moi avons tenu à ce que ce soit Ash qui en hérite. Ça a été la plus grosse modification qu’on a demandé à Mamiya Takizaki jusqu’à maintenant.

takizaki_courseAvez-vous constaté des différences dans les méthodes de travail entre les éditeurs français et japonais ?

M. T. : Dans les deux cas, pour ce que j’ai pu en juger, ils sont très exigeants. Mais avec les éditeurs japonais, il y a souvent plus de corrections à apporter au niveau de l’histoire et de l’intrigue, tandis que sur les dessins, ils font généralement peu de remarques. Chez Ki-oon, c’est plutôt l’inverse. Ils me font davantage modifier des traits de dessins.

A. A. : On aimait beaucoup le style d’Element Line, mais il était très typé heroic fantasy et parlait tout à fait aux fans de fantasy car il n’était pas « mainstream ». Je ne dis pas ça de manière péjorative, mais comme nous souhaitions toucher un plus large public, et les jeunes en particulier, nous lui avons demandé un véritable effort sur le dessin. L’idée étant de rendre les choses plus fluides et lisibles pour ce lectorat-là.

takizaki_attentionIl a fallu attendre un an et demi entre les deux derniers tomes d’Element Line. Les deux premiers d’Ash & Eli sont sortis simultanément et le troisième dans la foulée. Comment gérez-vous ce rythme soutenu ? Quel sera le rythme de parution de la série ?

M. T. : Les éditions Ki-oon me demandent d’avancer assez vite. Malheureusement, j’aime bien peaufiner, prendre le temps de soigner les détails et, comme je travaille sans assistant, je manque parfois de rapidité. Mais je vais faire de mon mieux pour que les lecteurs attendent le moins longtemps possible.

Qu’est-ce qui vous plait dans l’heroic fantasy ?

M. T. : La fantasy permet de recréer totalement un univers neuf, des vêtements originaux, des pouvoirs… C’est cette dimension créatrice quasi-infinie qui me plaît particulièrement dans ce genre.

En décembre, le 1er tome d’Element Line a fêté ses dix ans de publication en France. Que retenez-vous de cette décennie ?

M. T. : À une époque, lorsque je revoyais mes premières planches d’Element Line, j’avais beaucoup de regrets. Moins maintenant, car j’ai pris du recul. Mais je me dis parfois que j’aurais pu faire mieux au niveau de l’intrigue, que j’aurais pu dessiner différemment… Et ça m’a fait prendre conscience que j’ai évolué et que j’ai beaucoup appris depuis. Au quotidien, je n’ai pas vraiment l’occasion de me rendre compte de ce genre de choses. Du coup, la série me sert de point de repère par rapport à mon travail.

takizaki_couvAvez-vous une idée de l’évolution future d’Ash & Eli, de la façon dont la série va évoluer ou se terminer ?

M. T. : Nous ignorons encore combien de tomes il y aura, car ça dépendra du succès, mais la fin est déjà posée clairement. Ce sont les péripéties intermédiaires qu’il reste à écrire.

A. A. : C’était très important pour nous. Comme c’est une création originale, ça représente un investissement conséquent par rapport à un achat de licence classique. On voulait donc que les axes principaux de l’histoire et la fin soient déterminés dès le début, de sorte à ce qu’on puisse étirer un petit peu si marche et arrêter proprement si le succès n’est pas au rendez-vous, sans donner aux lecteurs l’impression d’avoir précipité les choses.

Propos recueillis par Seb. K.

Merci à Ahmed Agne, Michèle Takino pour la traduction et les éditions Ki-oon.

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Ash & Eli #4.
Par Mamiya Takizaki.
Ki-oon, le 24 janvier 2013.

Images © Mamiya Takizaki / Ki-oon

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