Jack Palmer est invité par Ange Léoni (celui qu’il était chargé de retrouver dans L’Affaire corse) à rejoindre le vignoble bordelais, car l’héritière d’un petit domaine en perdition est portée disparue. Entre amant californien, voisin de cru classé, petites frappes viticoles et canons de rouge à toutes les pages, l’enquête de Palmer va connaître quelques embardées…

Décédé en 2018, René Pétillon avait quasi bouclé un nouveau scénario autour de son personnage phare de Jack Palmer, détective emprunté mais pas avare d’efforts pour démêler les affaires louches et mettre les pieds dans le plat. Et il en avait confié le dessin à Manu Larcenet. Voilà donc enfin l’album, qui perpétue la veine de L’Enquête corse : un enquêteur faussement naïf qui pénètre un milieu fermé et fier, pour en révéler les errances et absurdités. Le principe est classique et efficace, et les bons mots autour du monde du vin vont bon train. Mais au fil d’une intrigue pas follement palpitante, les blagues alcoolisées et le comique de répétition finissent pas lasser plutôt qu’enivrer. Il a pris un vrai coup de vieux, Palmer, et c’est dommage car quelques éclairs dans les dialogues et les caricatures (le personnage d’Ange est épatant) réjouissent franchement. Mais trop rarement. On devra donc s’en contenter, ainsi que du trait de Larcenet, toujours brillant quand il s’agit de dessiner des trognes d’ivrognes ou de pénibles. Même si on aurait aimé qu’il mette, non pas de l’eau dans son vin, mais un peu plus de son humour caustique dans celui de son glorieux aîné.