Le jeune Uli apprend la danse à la fameuse école Folkwang d’Essen, en 1957. Traumatisé par des événements de la Seconde Guerre mondiale qu’il préfère taire, il rêve de comédies musicales américaines, ce qui lui vaut des regards dédaigneux de ses camarades tournés vers une danse jugée plus sérieuse et profonde. Mais Uli tient à son idée, et son flirt d’un soir avec un beau danseur noir de New-York le convainc de tenter sa chance outre-Atlantique. Mais le chemin vers Broadway sera semé d’embûches.

Projet de diplôme de Maurane Mazars à la Haute École des arts du Rhin (ex-Arts décos de Strasbourg) et lauréat du Prix Raymond Leblanc, Tanz ! est sans aucun doute une des plus belles révélations de l’année 2020. Sujet original, narration maîtrisée, thèmes dans l’air du temps, pudeur dans la mise en scène et aquarelles lumineuses, ce gros one-shot sait où il va et emmène avec légèreté le lecteur dans un récit d’apprentissage tout en mouvements et en émotions. Maurane Mazars propose de belles séquences de danse – vrai défi en bande dessinée –, mais n’ennuie jamais avec cette discipline, car elle brosse aussi le portrait d’une génération, des jeunes gens de 20 ans à l’aube des années 1960, pris en plein bouillonnement artistique et intellectuel, entre une Amérique électrisante et un héritage européen à sauvegarder. Elle aborde aussi, de manière frontale et naturelle, la question du racisme et de l’appropriation culturelle, de l’homosexualité à une époque où elle est encore punie par la loi, du traumatisme de la guerre. Avec des mots justes et simples, et sans jamais tomber dans la déprime ou le misérabilisme. Tanz ! est donc accessible dès l’adolescence, ce qui tombe plutôt bien car tous ces sujets perdurent aujourd’hui, à la lumière d’autres actualités. Voilà qui donnerait presque envie de danser !