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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | April 26, 2024















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Aaron

15 septembre 2021 |
SERIE
Aaron
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
29.99 €
DATE DE SORTIE
27/08/2021
EAN
2505087695
Achat :

aaron_imageCoincé dans sa chambre pour réviser ses cours avant la session de rattrapage de ses examens, Aaron tourne un peu en rond. Entre son bureau, son lit, la cuisine de ses parents, son lit, ses comic-books. Des aventures de super-héros qu’il collectionne minutieusement, seule échappatoire à son quotidien morne. Mal à l’aise en société, il sort peu, ne sait pas trop draguer, se sent trop différent. Surtout qu’il est dévoré par des pulsions qui le rongent, car taboues : il se sent attiré par les enfants, les jeunes garçons.

Pédophilie, le mot n’est jamais prononcé ici. Comment le pourrait-il d’ailleurs ? Car Aaron est seul face à ses démons, et ne peut évidemment en parler en personne, pense-t-il. Ses parents, sûrement pas, son meilleur ami, impossible. Son frère, qui vit avec une femme maman d’un petit garçon? Sans issue. Il reste donc là, enfermé dans sa chambre, dans son « anormalité ». Dans ses BD de super-héros, pur divertissement, pure diversion pour ne pas se voir sombrer. Pour ne pas passer à l’acte, aussi, peut-être.

Pour mettre en scène cette histoire sombre et dépressive, ce portrait d’un jeune adulte qui essaie de nier ce qu’il découvre de lui-même, Ben Gijsemans (Hubert) utilise un système de gaufrier strict et volontairement étouffant. Des planches quadrillées de 12 cases carrées, qui enferment littéralement Aaron, construisant une prison autant mentale que graphique. Unique bouffée d’air, les vieux comics qu’il dévore, s’intercalent entre les séquences de la vie d’Aaron : de longs extraits de ces aventures rocambolesques, imaginées par l’auteur belge à la manière des BD américaines des années 30-40, au style chatoyant et naïf, tranchant avec la ligne fine, tendue et précise à l’extrême des scènes contemporaines.

Le dispositif ne laisse rien au hasard, pour aborder au plus juste un sujet hautement délicat et périlleux. Le pari est en partie gagné, dans le sens où on ne pointe pas Aaron comme un monstre, ni comme une victime, juste un homme en lutte avec lui-même et qui n’ose s’en ouvrir à personne. Et la mise en scène permet de trouver cette distance juste, ni trop proche ni trop lointaine d’avec ce personnage, qu’on ne peut clairement pas aimer mais qu’on ne peut rejeter en bloc non plus. Le problème vient plutôt d’une sensation de répétition, de redondance dans le déroulement du récit, et peut-être d’un manque de rebond de l’intrigue ou d’une chute plus forte. Et la récurrence des pages complètes de comics est pesante, car elles n’apportent pas tant que ça à l’ensemble une fois qu’on a compris le sens de leur présence.

À trop vouloir tout maîtriser et rester 100% réaliste, Ben Gijsemans en a sans doute fait un peu trop et éreinté le lecteur pourtant fasciné par un engagement si important. L’expérience de lecture, autour d’un thème clivant, est donc en dents de scie, tantôt forte, tantôt ennuyeuse.

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