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Benjamin Renner et la sitcom des sous-bois

23 mars 2015 |

RENNER_c_VOLLMER-LOSous le nom de Reineke, il avait sorti en 2011 Un bébé à livrer chez Warum. Depuis, Benjamin Renner a été appelé par Stéphane Aubier et Vincent Patar pour coréaliser le long-métrage d’animation Ernest et Célestine, avec à la clef un vrai succès critique et public. Pour se reposer et retrouver son propre univers, l’auteur de 32 ans raconte les mésaventures d’un goupil maladroit et couard dans Le Grand Méchant Renard, comédie animalière délicieuse et tous publics. Rencontre avec un créateur fan de Ricky Gervais et amateur d’expériences numériques.

Après plusieurs films d’animation, et un César pour Ernest et Célestine, Le Grand Méchant Renard marque-t-il votre retour à la bande dessinée ?

Je ne dirai pas ça, car j’aime bien jongler entre les deux médiums. Pour ce livre, j’avais envie de raconter une histoire qui soit vraiment à moi et qui ne prendrait pas cinq années de ma vie. C’était comme une récréation. Mais je ne me dis jamais : « Tiens, maintenant, je vais faire une BD, et après un film. » Cela dépend vraiment des projets que j’ai en tête et de ceux qu’on me propose. La BD numérique m’intéresse par exemple, tout comme le jeu vidéo.

Le Grand Méchant Renard est donc récréation d’auteur…
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Oui, je l’ai commencé pendant la promotion d’Ernest et Célestine, une période où j’étais beaucoup sollicité sans avoir vraiment le temps de travailler. Depuis ma BD Un bébé à livrer, je savais que je pouvais faire un album sans décor. Je me suis donc amusé énormément avec mes personnages, dont je me fichais un peu s’ils seraient bien dessinés ou non. J’avais sous la main des acteurs auxquels je pouvais faire jouer des scènes de mille manières différentes, comme au théâtre. Comme avec de vrais comédiens, je pouvais tester plein de choses : « Essaye de la jouer plus mystérieux, maintenant ! »

Vous parlez de théâtre, mais on pense aussi aux comédies télévisées américaines.

C’est en effet une grande source d’inspiration pour moi. Plus jeune, l’humour de la série Friends, son ambiance de bien-être et la légèreté de sa dramaturgie m’avaient marqué. J’adore aussi le travail de Ricky Gervais, la série The Office… Les créateurs anglo-saxons de séries ont un art unique de pousser les scènes humoristiques bien au-delà de ce qu’on peut imaginer au départ. Pour mon livre, je suis moins dans une logique de sketch, mais je voulais tendre vers cette légèreté.

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Quelle est la différence entre l’écriture d’une bande dessinée et celle d’un film d’animation ?

renner_pouleGlobalement, ma méthode de prédécoupage est la même. Mais ça ne fonctionne pas tout le temps, notamment sur les effets de rythme et le rapport au temps, qui sont très différents entre l’animation et la bande dessinée. Car dans celle-là, le lecteur est maître de son rythme de lecture. En ce moment, je travaille à une adaptation du Grand Méchant Renard en court-métrage animé, dans un format de 26 minutes spécialement conçu pour la télévision. Du coup, j’apprends à bien distinguer les deux narrations.

Qu’avez-vous retenu d’autre de ce travail en BD ?

J’ai appris que quand on est bloqué narrativement, l’ajout d’une bonne blague résout tout comme par enchantement. Tout s’arrange, le lecteur accepte la situation, sans se poser trop de questions.

Vous avez évoqué un goût pour la BD numérique. Et vous avez d’ailleurs créé un turbomédia autour de votre album.

J’ai tenté le coup surtout pour voir la réaction du public. Avant ça, j’avais bossé sur une bande dessinée dont vous êtes le héros. Les retours globalement positifs sur ces projets me font dire qu’il serait vraiment intéressant de développer ce type de narration, mais avec un vrai suivi éditorial. Et surtout une réflexion sur les modes de diffusion.

renner_peurÀ quel personnage vous identifiez-vous ?

Au renard, car comme lui, quand je m’énerve, je ne fais absolument peur à personne ! La relation avec les poussins est aussi largement inspirée de celles que j’entretiens avec mes neveux. D’ordinaire, je suis assez mal à l’aise avec les enfants. J’ai des neveux que j’adore, mais comme je ne sais pas comment leur parler, je m’adresse à eux comme à des adultes, je n’hésite pas à me moquer d’eux… Et je crois que ça marche !

Justement, à quel public destinez-vous votre album ?

Étant moi-même un passionné de littérature pour enfants, ça ne m’intéresse pas de ne m’adresser qu’aux adultes. Je pense aussi qu’un bon livre pour enfants sera celui que les parents auront envie de leur piquer. renner_mieuxEn général, j’ai tendance à proposer des expériences fortes aux enfants, car ils vaut mieux leur montrer des images violentes incluses dans une narration que de les laisser s’y confronter seuls, ailleurs. Beaucoup de films, comme Alien, m’ont terrifié enfant, et ces visions m’ont marqué durablement, et pas forcément de manière négative. Du coup, je trépigne de montrer Jurassic Park à mes neveux…

Propos recueillis par Benjamin Roure

Images © Benjamin Renner / Delcourt – Photo © Chloé Vollmer-Lo

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Le Grand Méchant Renard.
Par Benjamin Renner.
Delcourt/Shampooing, le 21 janvier 2015.

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