Issu d’une famille modeste, Bobby Pignolet a vécu une adolescence difficile. Dans son collège de campagne, il était le souffre douleur des caïds du coin. Trop efféminé pour eux, trop sensible, trop cultivé, en complet décalage avec les aspirations plus terre à terre de ses camarades de classe. Alors dès qu’il en a eu l’occasion, Bobby a fui la cambrousse pour aller s’installer en ville. Embauché dans la librairie de Monsieur Detalminil, il ne pouvait pas imaginer meilleur endroit pour s’épanouir et commencer sa mue. En séduisant la fille du patron, Bobby s’apprête à faire un bon dans un autre monde. Mais on ne se coupe de ses racines aussi facilement. Fonder une famille, avoir une vie bien rangée, côtoyer des personnes cultivées, est-ce réellement ce à quoi Bobby aspire ? Pas si sûr !

En nous faisant marcher dans les pas de ce jeune adolescent érudit, qui au fil des pages et des années ne va cesser de chercher une issue plus favorable à sa petite existence, Hugues Barthe nous fait croquer à pleine dent dans une tranche de vie authentique. Sans y apporter un quelconque jugement de valeur, il oppose et met en scène une société écartelée entre une petite bourgeoisie suffisante et une campagne peuplée d’individus limite arriérés. Pour Bobby, qui a grandi dans l’une et qui lutte pour se faire adopter par l’autre, cette dichotomie des classes sera à l’origine de bien des soucis et d’une perte de repères. Traité à la manière d’un roman graphique, ce récit interroge, questionne et interpelle avec justesse. L’aisance et la clarté graphique dont fait preuve l’auteur offre une lecture fluide et détachée qui permet à chacun de se connecter aux différents personnages assez aisément. Cette chronique sociale joue pleinement son rôle, les amateurs apprécieront.