Aidée est étudiante en art, Zora barmaid et Pénélope investie dans différentes luttes sociales. Excédées par les propos misogynes d’un prof d’Aidée et d’un voisin salace, les trois colocataires décident de ne pas se laisser faire : elles vont peindre des vulves colorées géantes chez ces vieux machos ! C’est le début d’une prise de conscience et d’une série d’actions visuelles dans toute la ville ! Mais jusqu’où peut-on aller pour faire respecter les droits des femmes et comment se protéger contre les violences ?

Empowerment et joie de vivre librement ses choix parcourent ce one-shot au style coloré et dynamique, qui tranche avec l’approche souvent sérieuse des albums sur le sujet. C’est une bonne idée, qui permet de s’identifier avec le sourire à ces trois héroïnes modernes, aux forces et faiblesses crédibles. La seconde partie, sur leur confrontation avec un groupuscule identitaire et masculiniste, est en revanche assez glaçante. Le contraste entre les deux est intéressant, mais entraîne aussi un déséquilibre dans l’intrigue, qui s’achève de manière un peu abrupte et laisse un sentiment de frustration et des questions. Que doit-on retirer de cette histoire de mobilisation pétillante ? Qu’il faut lutter par l’art et le self-défense, plutôt que par la voie politique ? Que les institutions ne sont plus un recours crédible contre les violences faites aux femmes ? Le message n’est pas très clair, et c’est un peu dommage, compte tenu de l’énergie portée par l’album. Mais si on voit le verre à moitié plein, on ressortira de cette lecture avec une énorme envie de changer les choses et de le crier haut et fort.

Les Fauves