Les Yeux d’or
Chaque soir, Violette attend son père, qui dirige l’Observatoire de Paris et ne rentre jamais avant tard. Alors, elle bouquine, s’ennuie et fait même de longs tours en bus à travers la ville et la banlieue. Jusqu’au soir où, pour la garder, son père demande à la nouvelle archiviste, Edmée. Cette dernière noue très vite une relation intime avec la préado, lui montrant une collection de photos d’étoiles et de météorites. Avec Edmée, Violette comble son besoin d’affection et d’imaginaire, et quand les jardins prennent la place des comètes dans le coeur de son étrange amie, elle se passionne à son tour pour les hortillonnages d’Amiens. Mais la fêlure de sa non-relation avec son père (sa mère n’est plus là…) demeure, et la fuite se présente comme la solution.
Après le très beau Baume du tigre, d’inspiration autobiographique, et l’intriguant Le Compagnon de route avec Tristan Fillaire, Lucie Quéméner adapte librement un roman qui l’a touchée enfant, Les Yeux d’or de Marie Desplechin (L’École des loisirs, 2007). Et le résultat est merveilleux. Car à travers la description de cette atypique relation enfant/adulte – mais qui est vraiment l’adulte dans ce binôme? –, elle dresse le portrait de deux jeunes filles/femmes en quête de liberté, rêvant d’un monde sans pollution lumineuse ni contrainte, et cherchant leur chemin hors des cadres. Ou alors dans des cadres qu’elles auraient créés elles-mêmes, pour bien laisser s’épanouir la nature et leur propre personnalité.
Au-delà de l’identification qu’on perçoit de la part de l’autrice pour ce thème et ses personnages, Lucie Quéméner insuffle une vraie magie à son livre. Son trait fin, faussement raide, se pare d’ambiances lumineuses singulières, entre l’évanescence d’une luciole, le mystère d’un réverbère et la promesse d’aventure d’une comète. Son découpage, son choix de taille de case, son jeu sur les regards et les silences, ses teintes et matières subtiles, tout participe à l’invitation à un voyage sensoriel émouvant, qui pourra toucher adolescents comme parents.
Publiez un commentaire