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Lucie Durbiano, dénicheuse de Trésor

30 avril 2009 |

durbiano_tresor.jpgSon truc, ce sont les histoires légères et gaies, pas niaises pour autant, éclaboussées de couleurs vives. Le coup de crayon rond et rétro de Lucie Durbiano enchante, que ce soit avec le récit Orage et désespoir ou le recueil d’histoires courtes Le Rouge vous va si bien. Dans le charmant Trésor, elle imagine une aventure entre tromperie amoureuse et chasse… au trésor, donc. Interview corse lors des 16e rencontres de la BD à Bastia avec cette spécialiste des intrigues pétillantes.

Pourquoi cette chasse au trésor ?
Petite, je rêvais de trouver un trésor, et de devenir archéologue. L’Histoire me plaît beaucoup, je suis une grande adepte des reconstitutions historiques diffusées sur Arte le week-end!  Si l’action se déroule à Rennes-le-Château, c’est parce que je suis originaire de Limoux, un village voisin. Pour cet album, j’avais envie d’une comédie légère, inspirée des films des années 50-60 avec Audrey Hepburn par exemple.

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Les sentiments tiennent une grande place dans ce chassé-croisé…
Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les histoires d’amour contrariées. Elles reviennent beaucoup dans mes livres. L’aventure me sert de prétexte pour insuffler à l’ensemble des sentiments, jouer avec les clichés amoureux. J’aime que mes personnages soient un peu compliqués. Mais mes bandes dessinées ne racontent jamais l’existence telle qu’elle est: cela ne m’intéresse pas, tout simplement. Je vis déjà dans la vraie vie, alors quand je crée, il faut que ce soit inventé, fictionnel ! Même les blogueurs adeptes de récits du quotidien mettent en scène leur vécu.

Par son ton romanesque, son humour et ses péripéties, Trésor rappelle les aventures de Tintin…
Mon père avait toute la collection. Ces BD étaient d’ailleurs les seules présentes dans la maison familiale. Forcément, ça se retrouve dans mes ouvrages. J’ai relu certains albums d’Hergé avec ma fille, notamment Les Bijoux de la Castafiore, mon préféré. J’aime beaucoup ce huis clos à Moulinsart, très drôle, proche du théâtre de boulevard. Gamine, j’appréciais aussi beaucoup les contes d’Andersen, amusants et cruels à la fois, qui finissaient souvent mal.

Certains trouvent aussi à vos livres un petit côté rohmérien.
Oui, on me le dit souvent, mais je connais peu son cinéma. Jeune adulte, j’ai été fasciné par la Nouvelle Vague, les films de Godard, Truffaut, Demy. Les années 60 me plaisent beaucoup, notamment la mode de l’époque, son esthétique, sa fraîcheur. Et puis j’adore les jeunes et jolies femmes: elles sont belles, tout simplement !

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Comment travaillez-vous ?
Je fonctionne par jeu et par plaisir. J’observe ce qui se passe autour de moi, et je laisse l’inconscient agir. Dans des carnets, je crée des personnages et les histoires apparaissent ensuite progressivement. durbiano_carnet.jpg Mais c’est très fouillis: je note des débuts de dialogues, des ébauches de héros. Quand je sais dans quelle direction je veux aller, j’écris les dialogues, scène par scène. Tout se fait de manière très évolutive, avec des étapes déterminées. J’ai besoin, pour m’en sortir, de construire mon récit petit à petit. J’aime écrire, fignoler les textes. Mais ce que je préfère, c’est le découpage, qui fait prendre vie à l’histoire. Le dessin représente ensuite une partie plus laborieuse et artisanale du travail. Par dessus tout, j’essaie de ne pas ennuyer le lecteur. Je connais les limites de mon trait: je ne suis pas capable de dessiner de façon réaliste, et puis cela me paraît trop fastidieux.

Comment êtes-vous venue au dessin ?
Petite fille, je dessinais beaucoup. Pour moi, c’était à la fois un jeu et un moyen d’expression. Je racontais des histoires, je ne voulais pas m’enquiquiner à dessiner des bulles alors je faisais parler mes personnages à haute voix, comme s’ils étaient des poupées. À l’adolescence, j’ai perdu mon imagination et en ai beaucoup souffert. Mais je continuais à dessiner, sans la spontanéité de l’enfance. durbiano_esquisse_crayon.jpg Après un an à la Villa d’Arson à Nice, où je ne me sentais pas à ma place – je dessinais des petits bonshommes alors que cette école est tournée vers l’art contemporain -, j’ai fait les Arts Déco de Strasbourg. Au début des années 2000, Charles Berberian a repéré mon travail d’illustratrice et m’a confié une petite BD pour la collection Tohu Bohu des Humanos. Il a aimé, m’a donné confiance en moi ainsi que l’impulsion de continuer. Charles m’a aidée à trouver un éditeur pour mon premier livre, Laurence.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Des illustrations et une petite bande dessinée pour Astrapi. Ainsi que sur un nouvel album pour Gallimard [dont les esquisses illustrent cet article]. Je n’en suis qu’au début. Au fil de cette histoire complète, on suivra une nymphe amoureuse d’un berger, qui lui aime sa bergère. Ce sera une espèce de roman pastoral et mythologique, avec des faunes, Bacchus, Diane chasseresse…

Propos recueillis par Laurence Le Saux

Images © Lucie Durbiano / Gallimard

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Trésor
Par Lucie Durbiano.
Gallimard/Bayou, 16 €, le 23 octobre 2008.

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