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Ludovic Debeurme s’immerge dans le monde de Nosfell

26 juin 2009 |

debeurme_intro.jpgSe glisser dans l’univers d’un autre et y donner corps grâce à ses dessins. Ludovic Debeurme, dont le propre monde artistique est très fort, a tenté l’expérience. L’auteur de Lucille et du Grand Autre a mis en images un conte musical de Nosfell, Le Lac aux Vélies. Le lecteur-auditeur (le livre est vendu avec un CD) est transporté à Klokochazia – où les habitants parlent le Kloklobetz -, et suit les aventures de Günel, anti-héros pas franchement sympathique, à tendance terrifiante. Épris de Milenaz, il cherche le secret de l’amour, caché au fond du Lac aux Vélies, quitte à utiliser la violence pour l’obtenir. Ludovic Debeurme, 37 ans, revient sur cette expérience transversale.

Comment êtes-vous entré en contact avec Nosfell ?
debeurme_couple.jpgIl avait lu mes albums, et m’a contacté via son manager alors que j’étais en train de terminer Le Grand Autre. De mon côté, je connaissais et appréciais sa musique, dont l’atmosphère correspond assez bien à ce que je dessine. Elle m’évoque une rose, une fleur séduisante mais pas exempte d’épines douloureuses. J’aime ce qui est acéré et ambivalent. L’art de Nosfell possède un fond rugueux, nostalgique, quasi dépressif. Tandis que sa voix est très pure, porteuse d’énergie.

Comment le projet du Lac aux Vélies est-il né ?
J’étais intéressé par une aventure commune, mais un travail de commande me rebutait. J’ai déjà réalisé plusieurs livres illustrés, et éprouvé au fil de cet exercice la difficulté de trouver sa place dans l’univers d’un autre créateur. Je souhaitais ici davantage une rencontre d’auteurs. Ce qui tombait bien, car Nosfell était sur la même longueur d’ondes. Nous nous sommes rencontrés, avons beaucoup discuté de la vie en général et du livre en particulier, et nous sommes devenus amis. Je savais qu’il avait inventé une langue, le Kloklobetz, mais je ne maîtrisais pas totalement son univers.

debeurme_arbre.jpgComment avez-vous travaillé ensemble ?
Nosfell m’a envoyé une première mouture du texte du Lac aux Vélies, qu’il avait déjà utilisée comme base pour improviser sur scène. Il m’a ensuite raconté de nombreuses périodes de l’histoire de Klokochazia, pendant que je dessinais sur un carnet en me laissant bercer par sa voix. Je posais quand même beaucoup de questions, ce qui menait à des digressions infinies. Dans ce monde qu’il a inventé, qui se situe entre le conte et le fantastique, tout est à la fois en mouvement et très réfléchi. On y fait la connaissance de nombreux personnages, qu’il fait évoluer à différentes époques. Nosfell a porté un regard bienveillant sur mon travail. Il venait voir où j’en étais tous les jours – parfois même deux fois par jour ! Excepté pour une image qui lui posait problème, il s’est montré très enthousiaste, et cela m’a porté.

Avez-vous modifié l’histoire ?
Je l’ai réécrite pour l’adapter au médium, en ajoutant quelques éléments, comme l’introduction sur les objets parlants ou l’armée d’orphelins dont s’entoure Günel à la fin. Tous ces apports ont été faits dans une idée de partage, et j’ai été très touché que Nosfell me laisse cette place. Trouver le point de jonction entre nos univers fut une expérience fantastique et stimulante, mais aussi parfois terriblement complexe. debeurme_barbu.jpg Je peux déjà éprouver habituellement de la souffrance à créer. J’intellectualise les choses avant et après, mais pas pendant que je dessine. Je cherche alors le moment où je ne me reconnais plus, où les éléments m’échappent. Mon rapport à la création est donc instinctif et, quand les choses ne viennent pas, je ressens des émotions très violentes: chez moi, les murs et portes gardent la trace de mes colères !

Lors de la représentation prévue à la salle Pleyel, le 29 juin, votre participation sera «inattendue et insolite», paraît-il…
Des peintures et planches anatomiques, publiées à la fin du livre, seront projetées sur des écrans. Je prévois aussi de créer une espèce de théâtre d’ombres chinoises et de l’animer en tableaux successifs, en jouant sur les profondeurs, les transparences et les lumières. Je réfléchis aussi à une forme de dessin en direct: peut-être peindre, sur scène, le corps de Nosfell…

debeurme_terra_maxima.jpg Quels sont vos projets en bande dessinée ?
Cornélius va publier en septembre Terra Maxima, un recueil de trente dessins indépendants les uns des autres [image à droite]. Et j’avance sur la suite de Lucille, en questionnant pas mal ma méthodologie: comment réinventer la forme, qui conditionne le fond, afin de suivre au plus juste mes états émotionnels et leurs brusques changements ? L’improvisation et des chapitres courts sont des possibilités que j’ai déjà utilisées. Mais comment aller plus loin ? J’y réfléchis…

Propos recueillis par Laurence Le Saux

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Le Lac aux Vélies
Par Ludovic Debeurme et Layala Nosfell.
Futuropolis, 29 €, le 11 juin 2009 (livre-disque).

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Représentation à la salle Pleyel à Paris le 29 juin 2009 à 20 h, avec notamment le violoncelliste Pierre Le Bourgeois et Ludovic Debeurme.

Images © Ludovic Debeurme / Futuropolis

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