Troisième ouvrage en 3 ans pour le jeune auteur belge Jean Cremers  ! En plus d’être productif, le jeune auteur belge est talentueux. Après l’orage ferme pour lui un cycle narratif autofictif lié à l’intime et à la famille (Vague de froid, Le Grand large). Dans ce récit, Hélène se retrouve coincée chez ses parents à cause de fortes intempéries. Les pluies torrentielles inondent en un rien de temps les rues et la famille se retrouve rapidement sans électricité ni moyen de communication… un parfait moyen pour se retrouver en tête à tête avec soi-même et les siens.

Tirée d’une expérience vécue par l’auteur (l’inondation de la région de Liège, où il vit), cette bande dessinée est une nouvelle fois une histoire de reconstruction à la frontière entre la fiction et la réalité. S’inspirant de ses trois jours de vie reclus chez ses grands-parents, il construit un récit qui leur rend à la fois hommage, décrit la réalité du quotidien d’aidant et de malade d’Alzheimer… et y introduit sa mère via le personnage d’Hélène, victime d’un pervers narcissique avec qui elle subit une relation toxique qui la détruit à petit feu.

Une ligne souple et expressive, une colorisation narrative, une narration peu bavarde et dynamique (ce qui n’est pas donné à tout le monde pour un huis clos !), un découpage peu ostentatoire et qui accompagne parfaitement le propos, ce ne sont pas les qualités qui manquent à cet ouvrage… et encore, là, on n’a effleuré que la surface !

Car c’est par sa profondeur et sa sincérité que Jean Cremers arrive à toucher au plus juste. En plus d’apporter à chaque album une grande bouffée d’humanité et d’empathie, il parvient à saisir des moments de bascule avec tact et authenticité. En enfermant ses personnages chez eux, l’auteur réussit à leur faire extérioriser ce qu’ils ont au plus profond d’eux avec une subtilité d’approche et une gestion des non-dits parfaitement dosée.