Ariston Hotel
Sur la côte adriatique, dans l’Italie d’après-guerre, se dresse l’hôtel Ariston. Tenu par Renata, il se transmet de génération en génération et nourrit des histoires de famille, des anecdotes, des solidarités et sororités. Gardien aussi de terribles secrets, l’hôtel est un phare pour tous ses occupants, des femmes de ménages aux propriétaires en passant par les clients. Tantôt fier comme un bambou, tantôt penché comme la tour de Pise au gré des difficultés, l’hôtel est le miroir de vies marquées par un désir de révolte et des envies de libération. Il plie mais ne rompt pas. Renata, elle, est hantée par le souvenir de la guerre et de ses fantômes…
On ne change pas de tendance chez Ici Même Éditions, la BD italienne est encore mise à l’honneur. On ne s’en plaindra pas. Ariston Hotel se lit comme une petite pièce de théâtre en trois actes (1955, 1965 1975), avec ses personnages principaux, ses seconds rôles et figurants. Clients, bourgeoisie, personnel ont leurs attaches à l’hôtel, personnage à part entière de l’album. Vies et passé se télescopent, les anecdotes le disputent aux secrets, Renata cherchant à se défaire de l’emprise d’un mari, d’un père, d’une guerre, dans une Italie en plein miracle économique mais encore marquée par le souvenir du fascisme. Comme dans un ballet de paroles et de non-dits, l’hôtel se fait le héraut d’une voix féministe émancipatrice. On va et vient, on s’interroge et on tente de se libérer. On noue des relations fortes, on se construit, on se heurte aux difficultés financières…
Confessons avoir eu du mal à entrer dans ce récit qui multiplie les personnages et les voix, et joue d’un suspense un peu forcé (le compte à rebours « allemand »). Il faut prendre le temps de se familiariser avec cette atmosphère lourde de silences mais pétillante par son humour léger et ses acteurs dans un récit qui fait la part-belle aux femmes. Et avouons-le encore, les portées féministe et sociale du récit nous ont un peu échappé. Car beaucoup de références nous sont lointaines (mais l’intéressante postface vient à point nommé). Résultat, on reste un peu à distance de l’histoire. La portée historique en revanche est plus facile à appréhender, le passé de Renata sonnant comme un moment décisif du récit. Une histoire de famille et de sororité globalement attachante même si les auteurs ont peut-être trop multiplié les pistes narratives. D’où un petit sentiment de confusion. Aucun bémol côté dessin, c’est toujours du grand art. Sara Coleone, dans un style arty/jazzy, à l’aide de grandes cases, sublime cette côte adriatique coincée entre renouveau économique et passé à vif, par ses couleurs douces presque décaties. Très joli. Et finalement intéressant.
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