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Claire Bretécher en majesté à la BPI du Centre Pompidou

19 novembre 2015 |

claire_bretecher_1C’est un monument de la bande dessinée qui est célébré à la Bibliothèque du Centre Pompidou à Paris, jusqu’au 8 février 2016. Claire Bretécher, 75 ans, n’a pas sorti d’album depuis le dernier Agrippine, en 2009. Mais son travail est resté étonnamment d’actualité. Que l’on feuillette Les Frustrés (les bobos étaient déjà là dans les années 70), le quotidien de l’agaçante et marrante Agrippine, les aventures de la médiévale Cellulite… Partout, une finesse, un humour, un trait (mou, un peu « flou » comme le qualifie son confrère Blutch) qui font mouche, et n’ont pas vieilli.

L’artiste est née à Nantes, où elle vit une enfance « constamment surveillée » par sa mère (dans une interview à Libération, en 1986). L’ennui domine, qu’elle cherche à écarter en dessinant. Elle lit La Semaine de Suzette (mais pas Bécassine, qu’elle exècre), Tintin, Spirou. Supporte une scolarité aux Ursulines — la cause de l’hilarante Vie de Thérèse d’Avila ? —, suit quelques mois durant des études d’art, part à Paris. Et rencontre René Goscinny. En 1963, il lui donnera sa chance, lui confiant une histoire à dessiner. Suivent des collaborations à Tintin, Spirou, surtout à Pilote. Goscinny sera son mentor, l’encourageant à se documenter, et à travailler davantage.

La jeune Claire, blonde à l’oeil bleu glaçon, et surtout au caractère bien trempé, scrute le trait de Ronald Searle ou Quentin Blake. Et s’émancipe : avec Gotlib et Mandryka, elle lance L’Echo des savanes en 1972. Pour Le Nouvel Observateur, elle crée Les Frustrés, tribulations hebdomadaires des trentenaires et quadras de l’époque, dont elle croque les travers et interrogations de façon affûtée. La série — qu’elle auto-éditera, s’attirant des critiques sur son supposé goût pour l’argent — cartonne. Les louanges (Roland Barthes la sacre « meilleure sociologue de l’année » en 1976) pleuvent. Claire Bretécher garde la tête froide, dit aujourd’hui ne pas avoir souffert de cette « gloire ».

claire_bretecher_2En 1988 démarre un nouveau succès : celui d’Agrippine, formidable grande sœur de Zazie dans le métro de Queneau, ado avachie au langage ultra inventif. Là encore, l’auteure sait capter l’air du temps, a l’art de saisir les contradictions de cet âge mouvant, l’intelligence de le rendre drôle et tragique à la fois. Depuis quelques années, Bretécher s’est sérieusement mise à la peinture, délaissant malheureusement le neuvième art.

A la BPI de Pompidou, l’exposition de son travail suit trois axes. D’abord, celui de la personnalité intime, artistique et publique de l’auteure : photos, tableaux, focus sur son style graphique, coupures de journaux… On s’intéresse ensuite à ses collaborations avec la presse : Pilote, Le Nouvel Observateur, évidemment. Place enfin à la manière dont Bretécher « interprète son époque ». Des planches montrent sa dissection alerte de la société, des idéologies. Elles manquent un brin d’une analyse de l’artiste, ou de théoriciens (malgré quelques explications vidéo intéressantes). Mais offrent une belle plongée dans une oeuvre essentielle, riche, et terriblement drôle.

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Exposition Claire Bretécher
Jusqu’au 8 février 2016.
A la Bibliothèque publique d’information (BPI) du Centre Pompidou, Rue Beaubourg, 75004 Paris.
Du lundi au vendredi 12h-22h, samedi et dimanche 11h-22h.
Entrée libre.

A lire
Bretécher, morceaux choisis
Dargaud, 19,99€, le 13 novembre 2015.

Bretécher, les années Pilote
Dargaud, 29€, le 13 novembre 2015

Photos © BoDoï.
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