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Emmett Till, Derniers jours d’une courte vie

28 mai 2015 |
SERIE
Emmett Till, derniers jours d'une courte vie
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
19.50 €
DATE DE SORTIE
01/04/2015
EAN
2848657715
Achat :

Emmett-Till-CASEOn connaît le bus de Rosa Parks, on a entendu le rêve de Martin Luther King. Ces jalons incontournables et admirables de la lutte pour les droits civiques sont entrés dans la légende. On connaît moins le lynchage d’Emmett Till, qui a précédé leur combat, et dont l’horreur et l’injustice ont nourri leur colère. C’est sur l’histoire de ce jeune Noir de 14 ans, mutilé et assassiné par deux Blancs parce qu’il aurait manqué de respect à la femme de l’un d’entre eux, qu’a choisi de se pencher Arnaud Floc’h dans Derniers jours d’une courte vie.

Il remonte donc au 24 août 1955. Ce jour-là, un adolescent noir, enthousiaste et volubile, prend le train. Emmett vient de Chicago, il rejoint son grand-oncle pour les vacances. Il a la spontanéité et l’impudence d’un Noir qui a grandi loin de la ségrégation sudiste. De quoi inquiéter son oncle, et à raison. Car c’est un comportement que goûte peu l’épicière, Carolyn Bryant. Elle se dit outragée après que le jeune Emmett l’a interpellée. Elle sera bientôt vengée par son mari et son demi-frère. Torturé, énucléé, abattu et jeté dans le lac, ainsi a fini sa courte vie d’Emmett Till. Acquittés, les deux meurtriers n’hésiteront pas à avouer ensuite leur méfait dans la presse (puisque la justice américaine interdit de juger deux fois pour le même crime).

Difficile de raconter une histoire dont tout le monde connaît la fin. Encore plus lorsque celle-ci est dramatique. C’est donc par un petit détour qu’on remonte la trace du jeune Emmett. Celle d’un vieux Noir, bluesman, et d’un jeune Blanc, journaliste. Il prétend vouloir l’interviewer sur sa musique. Mais ce qui l’intéresse vraiment, ce sont les souvenirs du vieux musicien. Son père était un ami de l’oncle d’Emmett, et l’ado qu’il était a vécu de près le drame. Cette tentative d’incarner l’histoire dans des personnages d’aujourd’hui est louable. Le récit, qui vogue entre passé et présent, parvient à garder sa fluidité, notamment grâce au travail sur les couleurs de Christophe Bouchard, qui alterne avec justesse les ambiances. L’auteur ne tranche pas forcément sur une version définitive des faits : on ne sait si Emmett est vraiment entré dans l’épicerie, ce qu’il a dit exactement à l’épicière, ou s’il l’a sifflée dans la rue. Une prudence appréciable, sachant qu’à l’inverse il n’y a aucun doute sur les conséquences : le corps repêché quelques jours plus tard était méconnaissable après tant de violence.

Cependant, ce système narratif manque quelque peu de subtilité sur la longueur. Dès lors, l’ouvrage se lit avant tout pour sa dimension pédagogique. Et la mise en lumière de cet épisode après les événements de Ferguson ou plus récemment de Baltimore, n’est pas anodine. Elle montre que soixante ans après, il est malheureusement toujours d’une actualité brûlante.

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