Quand on croit que c’est fini, il y en a encore, et encore, et encore… Pour toujours ? Emanon est une jolie vagabonde, nonchalante, un peu froide, détachée du monde. Pourtant, notre monde, elle le connaît sur le bout des doigts. Car elle porte la mémoire de l’humanité de ces trois derniers milliards d’années ! Dans quel but ? Elle ne le sait pas et, quelque part, elle s’en fiche. Elle ne veut ni dominer le monde, ni être une ermite. Alors elle continue d’errer d’époque en époque. Quand elle met au monde une enfant, sa mémoire (ou son âme ?) se transmet dans cette nouvelle enveloppe et le cycle recommence. Seulement, la machine se grippe et un événement inattendu se produit : Emanon donne naissance à des jumeaux ! Va-t-elle tenter de comprendre ou simplement fuir en se disant que le temps passant fera son office mortuaire ?

Nous avons rencontré Emanon (« Noname » en fait) lors d’un précédent volume intitulé Souvenirs d’Emanon. Un one-shot splendide, qui finalement donnera naissance à cette suite. Un troisième et dernier tome est aussi prévu pour le premier semestre 2019, mais clairement le dessinateur de la série semble avancer au gré de son propre désir de mettre en images cette somptueuse balade basée sur des romans. Et si le but est incertain, le voyage vaut le coup d’œil grâce aux magnifiques planches de Kenji Tsuruta. Et cette fois, sur les 206 pages de l’ouvrage, 68 sont en couleurs ! Elles nous donnent à admirer le talent de coloriste maniaque et détaillé d’un dessinateur en plein trip onirique, zen et surtout sensuel, avec une propension à insister sur la nudité de ses héroïnes. Mais finalement, c’est le côté naturaliste, nonchalant, et encore une fois détaché des conventions de notre monde, qui caractérise ce fascinant personnage d’Emanon qui se met à nu, dans tous les sens du terme, sous nos yeux…

La question qui nous titille alors pour ce troisième tome à venir est : est-ce la fin d’un voyage de 3 milliards d’années pour notre vagabonde, ou juste un point final au trip de Kenji Tsuruta ?

Kara