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Grégory Elbaz interprète la vie de Bix Beiderbecke

10 décembre 2008 |

bix_intro.jpgPour raconter l’histoire du cornettiste Bix Beiderbecke – l’un des pionniers du jazz dans les années 20 -, il n’hésite pas à faire intervenir des sélénites, ces habitants de Lune, et à transformer le musicien en animal. L’inventeur de cet univers graphique onirique et somptueux se nomme Grégory Elbaz. Il publie Bix – extension de l’histoire éditée par Nocturne (avec un CD) – chez les indépendantes et exigeantes éditions de la Cerise. Petit tour dans l’imaginaire d’un jeune auteur (28 ans) qui préfère expérimenter qu’imiter.

Comment Bix est-il né ?
Il s’agit à la base d’une commande de l’éditeur Nocturne, qui m’a contacté il y a trois ans sur les conseils du scénariste Thierry Smolderen. Ce dernier fut l’un de mes profs à l’École européenne supérieure de l’image d’Angoulême. À l’époque, je suivais encore des cours là-bas, et Bix me servit de projet de fin d’études. Guillaume Trouillard, qui était dans la même classe que moi, a eu envie de publier l’album in extenso lorsqu’il est devenu éditeur.

bix_image1.jpgPourquoi avoir choisi Bix Beiderbecke comme sujet ?
Je ne le connaissais pas particulièrement. Et j’avais naturellement tendance à préférer des artistes plus énergiques, comme Louis Armstrong, ou alors des musiciens de jazz des années 60-70. M’intéresser à Bix m’a obligé à essayer de le comprendre. Ce type était toujours en échec malgré sa flamboyance. Il peinait à s’accrocher à la vie, se mêlait de patriotisme, de racisme. Pour mieux saisir ce personnage, j’ai écouté sa musique et lu le livre que Jean-Pierre Lion lui a consacré [Bix, Outre Mesure].

Votre bande dessinée est assez peu biographique…
Elle est surréaliste et part en vrille, tout en s’inspirant de choses vraies. Ses musiciens comparaient Bix à un chevreuil effarouché lâché dans les rues de New York, ou encore à un Pierrot tombé de la Lune. D’où sa transformation en animal, et l’intervention des sélénites. Cet artiste a vécu peu de temps [28 ans], tout en engendrant beaucoup de légendes et mensonges. Mon souci était de rester juste et vrai, tout en tendant vers l’abstraction.

photo_sculpture2.jpgPourquoi avoir choisi le noir et blanc ?
Afin de créer à l’aide du fusain une ambiance fantomatique. Cela renvoie à ces enregistrements rares et à la qualité sonore très mauvaise, qui pourraient faire douter de l’existence de Bix.

De quelle façon travaillez-vous ?
Pour Bix, j’ai modelé des bustes en argile dont je me suis ensuite inspiré dans le but d’obtenir un ombrage fin et une impression de bizarrerie. Cela m’a permis de m’approprier les personnages, d’en faire de petites poupées. Je fonctionne avec des cases de très grande taille que je colle au mur, comme un peintre – mais je compte les réduire dans le futur, ce qui modifiera ma manière de concevoir l’espace. J’écris toujours le texte après avoir dessiné, sans suivre de découpage précis. L’image engendre le scénario, laissant au lecteur une grand part d’interprétation possible.

bix_image3.jpg Comment êtes-vous venu à la BD ?
Je dessine depuis toujours et la bande dessinée est une vraie vocation. Au départ, je suis fan de manga, mais les Beaux-Arts m’ont ouvert à tout un tas d’auteurs comme José Muñoz, Carlos Sampayo, Christophe Blain, Blutch… Ces artistes font montre d’une vraie exigence dans leurs choix de mise en scène et de scénario.

Quels sont vos projets ?
Je travaille sur le film d’animation Le Chat du rabbin depuis le mois de mai. Et je prépare avec le scénariste Dominique Hérody un album autour de la vie de Bruno Schulz, un grand écrivain et dessinateur polonais du début du XXe siècle. J’écris aussi les aventures féminines d’un juif japonais dans les années 20-30. J’espère aller à l’avenir vers des ouvrages plus faciles à lire, en disant les choses plus simplement. Je me rends bien compte que Bix est assez hermétique, mais j’aime aller le plus loin possible dans une direction donnée. Maintenant que je me suis prouvé que je pouvais le faire, je vais revenir vers quelque chose de moins pictural, en me concentrant davantage sur la narration.

Propos recueillis par Laurence Le Saux

Images © Grégory Elbaz – La Cerise
Photo © Charles Razack

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Bix
Par Grégory Elbaz.
La Cerise, 16 €, mai 2008.
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