Harden



Il avait fui les gangs de Los Angeles, en espérant trouver dans l’armée américaine une rédemption et un avenir. Il n’a trouvé que l’enfer irakien. Démobilisé, Ismaël est de retour au pays, tentant vainement de contenir son stress post-traumatique et une maladie qui le ronge à coups de pilule. Seul le soutien de sa soeur Maria et de son neveu Gabriel le rattache à un semblant d’humanité. Lorsque ces derniers meurent sous les balles de son ancien gang, bien décidé à ne pas le laisser en paix, sa colère se déchaîne.
Harden est un déferlement de rage brute. Joaquim Diaz soigne ses personnages. Tout d’abord Ismaël, un anti-héros fascinant et troublant, aussi magnétique qu’inquiétant. Ensuite, la myriade de personnages secondaires qui acquièrent tous en quelques cases, une profondeur, une histoire et par là même une densité remarquable : la soeur Maria, la junkie Carmen, les ex-compagnons de gang… Jusqu’à ce personnage mystérieux et presque irréel, arme secrète du gang, qui révèlera sa vraie nature dans un final époustouflant.
Ce volume explore toutes les frontières du genre. L’auteur, dont le goût marqué pour les comics est ici une évidence, transcende les scènes d’action dans un découpage précis, hautement cinématographique, au visuel ultra-léché, proche du dessin d’animation. Cela ne l’empêche pas d’opter à certains moments pour un dessin plus épuré, en noir et blanc, avec toujours un grand sens du réalisme. Pour faire court, Joaquim Diaz ne se refuse rien. Ces explorations graphiques ne se font jamais au détriment du scénario mené d’une main de maître, cohérent de bout en bout, et toujours servi par le dessin et le découpage dynamiques. On aime également la lecture en creux des traumas américains : la guerre en Irak, les affrontements de gangs, les quartiers délaissés des villes…
Bien que pensé en one-shot intégral – après d’abord la publication d’un premier tome –, on ne dirait pas non au retour d’Ismaël, un héros crépusculaire, que l’on suivrait jusqu’au bout de l’enfer.
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