Avec son regard tendre et sa longue chevelure blonde, Louise ne fait pas son âge. Qui ne se calcule pas en années, mais en siècles ! En effet, Louise, née au Moyen Âge, a découvert jeune qu’elle était une « amourante », une femme jouissant du don d’immortalité du moment que quelqu’un l’aime. La voilà donc à parcourir les continents et les siècles, séduisant les hommes et brisant des coeurs en série, afin de rester en vie. Bénédiction ou malédiction ?

Pour son premier roman graphique, Pierre Alexandrine n’a pas fait les choses à moitié : un album de quelque 230 pages grand format pour brosser la fresque à travers les époques d’une jeune femme qui n’avait rien demandé si ce n’est vivre une existence simple, et qui se retrouve piégée par son don miraculeux. Car si l’amour des autres lui évite les rides, tomber amoureuse à son tour la condamnerait… Sur ce point de départ assez malin, l’auteur brode une histoire convaincante, dont la longueur permet de mieux saisir la psychologie complexe de son héroïne, les choix qu’elle fait et la tristesse qu’elle traîne. On tourne les pages avec avidité, afin de connaître l’issue de cette trajectoire narrée par Louise depuis le présent, car l’humour et le drame sont bien dosés tout du long. Seul petit bémol, peut-être, un dessin un peu fade et ennuyeux par moments, incarné par la moue permanente de Louise, un trait un peu mou et un découpage un rien trop sage. Mais rien qui n’empêche de profiter d’un grand récit romanesque et presque… romantique.

L'Amourante