Le Rêve du Tchernobog



Russie, 1921. Déchirée par la guerre civile, le pays ressemble à un champ de bataille géant, exhalant l’âcre parfum de la fumée et de la mort. Là, deux vieux amis vont se confronter. D’un côté, Yuri, anarchiste cosaque, impétueux et généreux. De l’autre, Nikita, chef de guerre bolchevique, meurtri et sanguinaire. Le premier va être contraint par le second d’aller trouver la jeune héritière du tsar et de l’assassiner. Pourra-t-il abattre de sang froid cette enfant qui n’a rien demandé ? Et qu’est-ce que trafique Nikita avec les monceaux de cadavres qu’il laisse sur son chemin ?
Le premier volet de cette histoire avait été publié en 2021 par Robinson, sous le titre La Révolution des damnés. Voilà qu’elle trouve sa conclusion dans un roman graphique réunissant ses deux épisodes, déroulant une course-poursuite funèbre dans un monde qui ne semble plus avoir grand-chose d’humain. Venue l’animation et du storyboard, Melody démontre tout son talent à découper et rythmer ses séquences. Jouissant de cadrages variés et précis, ses pages sont d’une redoutable efficacité, tant dans sa façon de poser son univers que de dérouler ses séquences d’action, même s’il on regrettera une précision de trait trop aléatoire d’une case à l’autre. Portée par un duo de personnages attachants (le cosaque et la princesse), pourchassé par un antagoniste démoniaque, l’histoire se mue rapidement en une longue course-poursuite. Trop longue, par moments, la seconde partie du récit semblant piétiner et se répéter. Dommage, car la dimension fantastique (l’apparition d’un golem moderne est impressionnante) est originale et offrait un champ d’exploration au final maladroitement exploité, dans un registre naïf qui colle mal à la noirceur générale. On reste donc un peu sur sa faim face à cet album, qui se laisse lire avec un sincère plaisir, mais qui a du mal à maintenir une tension et une profondeur égales sur ses 336 pages…
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