Le Siège des exilées #1
Quelque part en Asie, dans un futur sans doute pas si éloigné. Là, il ne naissent presque plus d’hommes. Depuis si longtemps que la plupart des femmes ne savent même pas à quoi ressemble un pénis. Et ce système matriarcal peut s’enorgueillir d’une paix et d’une stabilité, qui profite aux plus riches. Car en dehors de la belle cité s’est développé un bidonville, terre d’illégalité et de trafic en tout genre. Notamment sexuel. Car dans ces faubourgs dangereux, il y a un homme. Beau et vigoureux.
Après En proie en silence et You’ve Gotta Love Song, les éditions Akata proposent une nouvelle oeuvre d’Akine Torikai, un manga en deux tomes au charme vénéneux. L’autrice imagine un monde évanescent et étrange, duquel émane à la fois un calme impressionnant et un parfum morbide dérangeant. Car si l’agressivité masculine a disparu, la violence est toujours présente. Violence entre miséreux, violence de classe, violence sous couvert de croyances mystiques. Violences insidieuses. La mangaka développe ce thème au travers de questionnements sur la sexualité, la parentalité, le couple, l’amitié… Et pour ajouter au trouble, elle construit ce curieux théâtre avec un trait éthéré, d’une grande sensualité, privilégiant les gros plans et les séquences contemplatives. Elle se permet même de glisser un peu d’humour ça et là, insufflant alors de la légèreté, mais ajoutant aussi encore une dose de complexité. Un manga atypique et audacieux.
© Akane Torikai 2018 / KADOKAWA CORPORATION
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