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Les + du Blog : ALAN MOORE 3/4

4 décembre 2006 |

Delcourt fait la gueule, les lecteurs aussi. Lost girls (les filles perdues), la BD érotique d’Alan Moore et Melinda Gebbie –qui a fait un tabac aux États-Unis-, ne sortira pas ce mois-ci en France comme prévue. Il faudra attendre 2008 pour découvrir comment Alan Moore met dans le même lit Peter Pan, Le Magicien d’Oz et Alice au Pays des Merveilles. Suite des confidences d’Alan Moore.

« MELANGER LE CONCEPT DES TROIS FEMMES DE MELINDA AVEC LE PETER PAN QUE J’IMAGINAIS… »

Comment Lost Girls a-t-il démarré ? Est-ce quand tu as rencontré Melinda ?
En fait, ça a commencé avant ma rencontre avec Melinda, à une époque où, pendant longtemps, j’avais ruminé cette idée de comics érotiques et pornographiques. La plupart d’entre eux ne me font pas beaucoup d’effet. Certaines personnes réussissent à en faire à leur manière. Crumb, par exemple, a une façon très particulière d’utiliser l’érotisme dans ses BD. Mais avec lui, il y a toujours cette approche humoristique et il n’y a rien de mal à ça! J’avais donc remarqué que si un comic book s’essayait à l’érotisme, c’était toujours avec une approche humoristique ou horrifique. On pouvait sans problème utiliser du sexe dans une histoire horrifique pour accentuer l’aspect viscéral. Même chose pour une histoire humoristique; dans ce cas, on pouvait rire du sexe. Bien que ces deux exemples soient concluants, ma première réaction face au sexe n’est quand même pas de rire ou de hurler de terreur. Pour la plupart des gens, le sexe est agréable en tant que tel! J’ai donc voulu faire du Lost Girlssexe «novateur», quelque chose de pornographique.
J’avais au départ des idées assez vagues. J’avais trouvé intéressante l’idée de décoder l’histoire de Peter Pan d’un point de vue sexuel. J’avais été frappé par Freud qui affirmait que voler en rêve est un symbole sexuel. Je voyais alors Peter et Wendy, du fait que Wendy atteignait l’âge des premiers émois. Je pensais faire un décodage de l’histoire de Peter Pan qui aborderait des points intéressants sur l’éveil de la sexualité des gens. J’avais des idées sur la façon d’aborder une BD ouvertement orientée sexe…
Mon approche pour cette BD de cul consistait à enlever tout ce qui me gênait dans la pornographie en général, c’est-à-dire le fait que ça soit généralement affreux, ennuyeux ou peu inventif, qu’il n’y ait pas de qualités. J’avais au départ pensé le faire avec un artiste mâle, pour la simple raison que je n’avais jamais travaillé avec une dessinatrice et qu’il n’y en avait pas tant que cela autour de moi. C’était donc tout naturel de le faire avec un homme.
Mais en même temps, ça sonnait faux quelque part. Invariablement, ça finirait par sentir le renfermé. On verrait les fantaisies sexuelles de deux types, pas forcément très intéressantes. Quand j’ai rencontré Melinda et surtout quand j’ai vu les dessins en couleurs de son portfolio, j’ai tout de suite vu ce que ça donnerait si un homme et une femme travaillaient ensemble. Exit l’atmosphère viciée et moite. Melinda m’avait dit avoir écrit des histoires dont trois femmes étaient les personnages principaux. Elle aimait ce concept de trois protagonistes féminins. L’idée a germé de mélanger le concept des trois femmes de Melinda avec le Peter Pan que j’imaginais. Et si on avait trois femmes? Si Wendy était l’une d’entre elles, qui seraient les deux autres?
Sûrement Alice au Pays des Merveilles et Dorothy du Magicien d’0z. Une fois que j’ai eu cette idée -OK pour ces trois femmes – je me suis dit qu’il fallait chercher les dates de leurs histoires pour voir s’il n’y avait pas une période commune intéressante. Le Magicien d’Oz date d’à peu près 1910, Dorothy est une jeune fille d’environ quinze ans quand l’histoire commence, donc elle pourrait avoir 18 ans trois ans plus tard. À cette date, Wendy serait une jeune femme d’environ 30 ans et Alice devrait avoir les 60 ans. C’était intéressant car nous n’avions pas trois jeunes bimbos, mais trois femmes d’âges différents, avec des particularités propres, comme leurs classes sociales, par exemple. Alice appartient à la bonne société, Wendy est visiblement de la classe moyenne et Dorothy vient de la campagne, de la classe ouvrière. Un tas d’aspects surgissaient… 1913 est aussi l’époque où la guerre a commencé, c’est une date intéressante pour l’Europe. Tous ces facteurs se sont rassemblés.
J’avais déjà en tête la moitié des idées et Melinda a apporté le reste. Une fois que ces deux sources se sont rassemblées, Lost Girls s’est mis à grandir et à s’épanouir d’un coup. L’histoire complète s’est montée en deux ou trois jours seulement. Nous avions une idée précise de tout ce qu’il y aurait sur les 240 pages du livre en seulement quelques jours.
Prochain extrait : AU REVOIR LA BD, BONJOUR LA MAGIE

Extrait des Travaux extraordinaires d’Alan Moore par George Khoury et compagnie, traduction Jean Depelley, TwoMorrows Publishing, 176 pages, 29 euros (disponible en librairies spécialisées, Fnac, Makassar, ou directement sur le site web www.twomorrows.com).
© 2006 George Khoury and TwoMorrows Publishing.

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