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Les + du blog BoDoï : TCHERNOBYL, MONTELLIER

25 avril 2006 |

96_net_tchernobyl_01.jpgLA TÊTE (DE MORT) DANS LES NUAGES

1986. Explosion à la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine. Pas de quoi fouetter un chat si on croit le Kremlin. Les vapeurs radioactives devraient être cent fois plus concentrées pour menacer la population renchérissent de très sérieux messieurs en blouse blanche et étoile rouge. Dormez bonnes gens, y a rien à voir. Quelques excités évoquent bien un nuage chargé de saloperies qui aurait mis le cap à l’ouest. Pas de quoi fouetter un chat si on croit un ministre français. Le nuage, s’il existe, a eu la politesse de s’arrêter avant nos frontières. Brave nuage.


Depuis, on en sait un peu plus. Sur les 500 000 « liquidateurs », dont certains ont dû plonger dans des cuves radioactives pour empêcher un flot mortel de s’écouler. Tous morts ou contaminés à vie. Sur les milliers de corps rongés par les radiations. Sur les voleurs qui ont mis à sac la région contaminée, répandant des produits radioactifs dans toute l’Europe. Sur la marmite infernale qui continue à bouillir sous le sarcophage, dalle de ciment coulée en catastrophe pour contenir le monstre (1).
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Aujourd’hui, Chantal Montellier, parle à son tour de cette première catastrophe du nucléaire civil. Le titre de son album, Tchernobyl, mon amour (2), renvoie à Hiroshima mon amour, film d’Alain Resnais, scénario Marguerite Duras, belle et grave réflexion sur la mémoire, sortie en 1959. Car c’est bien de mémoire qu’il s’agit. De la mémoire occultée, méprisée, niée. Comme si le commun des mortels ne devait jamais savoir ce qu’il advient quand s’ouvre la boîte de Pandore. À travers les investigations de son héroïne, Chris, jeune enquêtrice du journal parisien La Vérité (« pravda », en russe…), Montellier balance tout, chiffres à l’appui. Mais en bonne artisane de la BD, qu’elle aime et respecte, elle ne se contente pas, comme certains, d’un dessin bâclé ou approximatif. Chaque case est peaufinée, affinée, éclairée d’une couleur claire et variée à mille lieues de la glauque soupe numérique à la mode.
Bien sûr, le chat nommé Mao de Chris, jeune femme SAT et SHF (Sans Amant Fixe et Sans Honoraires Fixes), le portrait de Lénine en gimmick lancinant, peuvent agacer. Mais sans ces petites touches nostalgiques qui rappellent un monde ancien dans lequel les camps du bien et du mal semblaient délimités à jamais, la petite musique de Chantal Montellier n’aurait pas la même saveur.
Et ne croyez pas que la gauchiste des années 80 soit seule sur ce coup. Montellier, presse bourgeoise, même combat ? Voici ce qu’écrit Le Point, hebdo calé confortablement à droite, alors que sort Tchernobyl mon amour : « Des millions d’enfants et d’adultes abritent dans leurs corps une mini-bombe à retardement qui pourra exploser dans dix, vingt ou cinquante ans, sans bruit. Anonymement. »

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Mais rien n’est simple, le Journal du Dimanche du 16 avril, raconte comment la région de Tchernobyl, abandonnée par les humains, est devenue un paradis pour espèces en voie de disparition. On y trouve bisons, cerfs, chevreuils, renards, lynx en pagaille. Grâce à la radioactivité ? Évidemment pas, mais la grande fuite des humains permet aux animaux de réoccuper l’endroit. Sans trace de mutations apparentes. Pourquoi ? Parce que les animaux ne vivent pas assez longtemps pour en subir les effets disent certains. Parce que qu’ils sentent la radio-activé et évitent les zones les plus dangereuses disent d’autres. Pendant ce temps, rapporte le même journal, de vieux écolos s’affolent : pour eux, le nucléaire est toujours le mal absolu, mais la pollution dégagée par les énergies fossiles traditionnelles risque de foutre la planète en l’air avant que les déchets nucléaires ne commencent à faire le ménage. La Chine, en se gavant de charbon et de pétrole, affiche, pour la deuxième année consécutive, une croissance de 10%. Par an ? Par trimestre ? On ne sait plus. Et ce n’est qu’un début prévoient les grosses têtes de la prospective.
Rien n’est simple.
1) Le Sarcophage est le titre d’un album reportage signé Christin et Bilal paru en 2001 (Les Correspondances de Pierre Christin, Dargaud, 12 €).
2) Actes Sud BD, 22 €. Lire aussi Les Silences de Tchernobyl, collectif, Autrement, 18 €.

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Commentaires

  1. chantal montellier

    excellent arcticle.merci. CM

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