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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | March 28, 2024















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Les + du blog : MEMOIRES DE JACQUES SADOUL 1/7

24 mai 2006 |

Jacques Sadoul, retraité heureux, sur fond de bignonias.

Qui eut l’idée d’appeler « bulles » les phylactères de BD ? Quel Houdini de l’édition réussit à faire rentrer dans des livres de poche lesC'EST DANS LA POCHE somptueuses mais plutôt encombrantes cases des 6 Voyages de Lone Sloane de Philippe Druillet ? Qui fut assez fou pour imposer l’idée d’éditer en France des mangas dans le sens de lecture japonais ? Quel être de haute culture écrivit, début des années 1970, une Histoire de la science-fiction française et étrangère qui devint le livre de chevet de générations d’amateurs du genre ? Qui eut l’idée géniale de lancer la mythique collection de science-fiction J’ai Lu en exigeant qu’on ne marque surtout pas science-fiction sur les couvertures, la rendant ainsi accessible à tous ceux qui se méfiaient du genre ? Qui ? Jacques Sadoul, évidemment, 35 ans d’édition, dont plus de vingt à la direction éditoriale des éditions J’ai Lu.
Après ces années de bons et loyaux services, l’homme qui aime la SF autant que la BD et vice-versa, partit à la retraite. Entre la lecture de deux ouvrages de sa collection personnelle – 16 000 livres, BD, comics -, il jeta sur le papier quelques souvenirs savoureux. Trop savoureux ? Son ancien employeur fit la fine bouche devant cette porte entrouverte sur la vie quotidienne de la maison. Jacques Sadoul, son livre de mémoires, C’est dans la poche !, sous le bras, alla trouver refuge chez Bragelonne, l’éditeur d’auteurs tels que Feist, Gemmel, Loevenbruck, Ange…
Le blog de BoDoï vous invite à jeter sept coups d’œil par cette porte entrouverte. Prière de ne pas rire trop fort par respect pour ceux qui dormiraient sur des sites voisins.
JPF

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« A DÉFAUT DE CRAPAUDS OU DE COULEUVRES,

JODOROWSKY JETTE DES BRASSÉES DE POUSSINS SUR LA SCÈNE »

Fin 1964, mon ami Roland Topor, à qui je confiai à l’époque des illustrations pour Hitchcock Magazine, me fit connaître un personnage haut en couleurs, Alexandre Jodorowsky, avec qui je me liai rapidement d’amitié. D’origine chilienne, ayant fait carrière au Mexique, Jodo avait été tour à tour gagman du mime Marceau, metteur en scène de théâtre, réalisateur de cinéma, scénariste de bande dessinée et créateur du mouvement Panique en compagnie d’Arrabal et Topor.
À Paris, Jodorowsky était venu mettre en scène une pièce de théâtre et, la saison terminée, il décida de donner un grand happening au Centre américain où il comptait des amis. Ce fut le scandale de la saison. Le spectacle avait à peine débuté quand il se mit à jeter des brassées de poussins sur la scène, les plus heureux s’échappèrent dans la salle, les autres restèrent là à piailler, quelques-uns finirent écrasés sous les pieds de Jodo et de ses camarades.
« Pourquoi des poussins ? » lui demandai-je ensuite ; « Je voulais des crapauds, me répondit-il, j’ai eu peur que des couleuvres fassent peur aux spectateurs, mais nulle part je n’ai trouvé assez de crapauds à acheter. Alors j’ai pris des poussins. » Les bestioles écrasées accidentellement firent hurler une partie de la salle, même Josette fut choquée, et les choses n’allèrent pas en s’arrangeant quand Jodorowsky, vêtu d’un string de cuir, fut fouetté par deux filles nues, exception faite de hautes cuissardes, puis réellement tondu par elles. À noter qu’au début de son film, La Montagne sacrée (1971), on voit Jodo tondre deux filles nues alors que, dans un plan précédent, des crapauds courent un peu partout. Bel exemple de persistance d’un fantasme artistique. Le lendemain, la direction du Centre américain sauta et Jodorowsky fut le premier étonné du scandale qu’il avait suscité.
En mai 1965, alors qu’il était retourné au Mexique, Fiction publia sa nouvelle Les Frères siamois, extraite de son recueil Cuentos panicos. Je l’avais traduite moi-même (et signé la trad. du nom de mon épouse) car nous n’avions pas de spécialiste de l’espagnol. Près d’un an plus tard, je revis Jodo et lui demandai comment il avait trouvé mon texte : « Pourquoi, je n’avais pas écrit la nouvelle en français ? » s’étonna-t-il de bonne foi.
Aujourd’hui, Alexandre Jodorowsky est fixé à Paris où il est devenu un scénariste de BD renommé, ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser toujours au théâtre où il est récemment apparu en compagnie de ses nombreux enfants (mis au monde avec l’aide d’un nombre encore plus élevé, peut-être, de femmes de tous horizons). Il est né en 1929, mais, voici deux ou trois ans, quand nous avons déjeuné ensemble, c’était toujours un jeune homme.

SUITE : « Je lance le mot « bulles », il est repris par Gainsbourg et plébiscité »

Texte tiré de C’est dans la poche ! de Jacques Sadoul, éditions Bragelonne, 200 pages, 17 euros. © Bragelonne 2006

Lire les autres dossiers : 2/7, 3/7, 4/7, 5/7, 6/7, 7/7

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