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Les plus du Blog : « CULTURE MANGA » 3/4

20 octobre 2006 |

Tezuka est une figure-phare du Japon comparable à Hergé et à Walt Disney. Hergé, parce que Tezuka marqua profondément le neuvième art japonais. Walt Disney, parce qu’en bon homme d’affaire, Tezuka déclina ses séries en dessin animé. Il inventa une méthode d’animation économique et rapide, l’anime, pour diffuser ses histoires sur toutes les chaînes du monde. Extrait de la biographie de maître du manga qui eut l’honneur de funérailles nationales.
Culture manga de Fabien Tillon. Nouveau Monde, 17 euros.

Strips issus d’une planche originale d’Astro Boy, par Osamu Tezuka. © Culture Manga, Nouveau Monde 2006.

LA REVOLUTION TEZUKA
Lorsque La Nouvelle Île au trésor paraît, en 1947, c’est un choc. Cet album est l’acte fondateur de l’esthétique tezukienne et de la BD nipponne contemporaine. Pour deux raisons fondamentales :d’une part l’adoption de techniques de découpage empruntées au cinéma et au dessin animé américain et, d’autre part, l’importance donnée à la densité du récit, à l’ampleur émotionnelle, culturelle et narrative. La Nouvelle Île au trésor s’ouvre sur une longue séquence de course en voiture dont le dynamisme, le découpage cut, évoquent les premiers dessins animés de Disney. Ces quelques pages fonctionnent comme un révélateur pour la plupart des futursPortrait Osamu Tezuka mangaka qui les ont lues à l’époque, provoquant pour certains leur vocation. L’album suit une pente narrative qui mêle des emprunts faits à Stevenson, bien sûr, mais aussi à Defoe, aux films de pirates et même à Tarzan ! La révolution tezukienne – et son style de dessin très reconnaissable, directement inspiré de la manière Disney – tient à cela : une absorption massive d’influences. Et une absence totale de tabou, d’ordre de préséance entre les genres et les types de narration, tragique, comique, tendre ou sérieux. Tezuka fait feu de tout bois, et c’est aussi en cela qu’il est typiquement japonais : il assied dans la BD une approche que la société nipponne applique à nombre de ses aspects. C’est tout l’esprit du wakon yôsai (« esprit japonais, connaissance occidentale »), expression par laquelle on prônait, au début de l’ère Meiji, l’acceptation de la science occidentale tout en conservant l’âme nationale. […]
Astro Boy Dès la seconde partie des années 1950, il collabore avec les studios Toei Doga en qualité de scénariste et coréalisateur, avant de fonder en 1961 ses propres studios : MushiProductions (Les Productions de l’insecte, Osamu développant depuis son plus jeune âge une passion pour ces petits êtres). Réalisant parfois de ses propres mains une bonne partie du travail de création, Tezuka, ici encore, innove. Son adaptation d’Astro Boy est le premier dessin animé diffusé sur une chaîne de télévision occidentale, en l’occurrence la chaîne américaine NBC, en 1963. À la fin des années 1960, il produit les premiers dessins animés érotiques, emportant même, avec Cleopatra en 1970, le privilège d’avoir réalisé le premier long-métrage d’animation classé X aux États-Unis!
Mais c’est surtout sur le plan pratique que Tezuka et son équipe renversent les perspectives. Rationalisant les méthodes des studios américains Hanna Barbera, ils inventent des moyens de production plus rapides et moins chers : l’animation limitée. Réduction drastique du nombre de dessins par seconde (de 12 dessins dans l’animation classique à 5 dessins par seconde en moyenne chez Mushi), recyclage systématique des images, multiplication des gros plans et plans fixes… Les contraintes économiques, ici encore, accouchent d’un style propre, celui des anime (dessins animés nippons), si souvent décriés en Occident pour leur graphisme et leur découpage répétitifs. Mais une esthétique est née qui dispose d’armes narratives redoutablement efficaces – un grand sens de l’émotion, notamment –, et qui permet au Japon, en un temps record, de devenir l’un des tout premiers producteurs d’animation au monde. Lorsque l’équipe de Mushi se sépare au début des années 1970 après un désaccord esthétique et commercial entre Tezuka et ses troupes, qui sera d’ailleurs suivi par la faillite des studios en 1973, Osamu réinvestit son énergie dans une autre structure, la Tezuka Production. Cette nouvelle société se concentre sur la réalisation d’un long-métrage par an, dont Phoenix 2772 (1980), gouffre financier qui coûta la bagatelle de huit cent millions de yens, et qui n’eut pas le succès escompté à sa sortie. En 1989, à sa mort, Tezuka travaillait à la réalisation d’une série d’épisodes inspirés de l’Ancien testament, commande de la télévision italienne.


La Vie de Bouddha #3 d’Osamu Tezuka.
Prochain extrait : DES MANGAS A LA GLOIRE DU PATRONAT !

Illustrations extraites de Culture Manga, ©Nouveau Monde, 2006.

Lire les précédents dossiers : 1/4, 2/4, 4/4

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