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L’Ombre rouge

22 juillet 2020 |
SERIE
L'Ombre rouge
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
22 €
DATE DE SORTIE
04/03/2020
EAN
2344025898
Achat :

Années 1980. L’écrivain d’origine espagnole Jorge Semprun (1923-2011), depuis son exclusion du parti, pensait son passé communiste derrière lui. Jusqu’au jour où un ancien agent soviétique le met sur la trace de la grande photographe militante, Tina Modotti (1896-1942), afin de faire la lumière sur sa mort, supposément par crise cardiaque. Il se rend donc au Mexique, où elle vécut, et où tout un pan de l’histoire des luttes internationalistes de l’entre-deux-guerres s’est joué, notamment autour de la figure de Trotski, qui y meurt assassiné en 1940. Il replonge ainsi dans les luttes fratricides, qui de purges en purges, ensanglantèrent la Révolution de par le monde, exhumant au passage le souvenir de ces « fantômes aux fronts troués », dont la plupart payèrent de leur vie leurs opinions.

lombre-rouge_imageOn sait que le scénariste et ancien professeur Jean-Pierre Pécau (La Malédiction du Pétrole, Coeur de ténèbres, Moriarty) aime jouer avec l’Histoire. Souvent, grâce au procédé du « et si… », que permet l’uchronie, et qu’il a utilisé entre autres avec Fred Duval dans sa série-concept Jour J. Avec L’Ombre rouge, c’est plus sérieux. Il propose en effet une balade historique dans le monde révolu, et sans pitié, de l’internationale soviétique, balade où la fiction occupe très peu de place (la quasi totalité des personnages ayant existé), et dont finalement l’enjeu principal est de nous proposer sa version de la mort de la grande artiste Tina Modotti – et de celle de Troski, en passant.

Le portrait très pointu de ces milieux est saisissant dans la dureté du monde qu’il raconte, et on reste ébahi (comme on pouvait l’être dans l’excellent La Mort de Staline, de Fabien Nury et Thierry Robin) par l’enchaînement des assassinats déroulé sous nos yeux. Toutefois, à moins de connaître sur le bout des doigts l’histoire des luttes communistes, mieux vaut s’accrocher pour ne pas être perdu en route dans les tombereaux d’informations, de personnages et d’anecdotes qui pleuvent sur le lecteur, tout au long des 112 pages très denses de ce roman graphique. C’est là un des défauts d’un scénario presque uniquement conduit par une voix off et des dialogues, dont en fait, on ne comprend pas bien pourquoi il n’a pas été écrit sous la forme d’un essai dessiné, ou mieux encore, d’un docu-fiction en BD, plutôt que sous la forme d’une fiction pure. D’autant plus que, si l’intérêt documentaire est grand, on peine à saisir la vie si haute en couleur de Tina Modotti, sa personnalité, ce qui a conduit ses choix politiques ou en amour.

Ce scénario tarabiscoté est par contre porté avec beaucoup de talent par le jeune Espagnol Alejandro Gonzalez. Lui qui, jusqu’à maintenant, n’a pourtant oeuvré que dans le comics, se révèle excellent dans un style doux et sensuel. On salue tout particulièrement son traitement très maîtrisé des personnages (qui occupent ici presque toute la place), dont l’anatomie parfaite et les expressions très dynamiques et variées font beaucoup pour soutenir le propos – alors qu’il se révèle d’ailleurs plus faible sur les scènes d’action. Un auteur à suivre.

Globalement ambitieux, de bonne qualité et intéressant (voire passionnant), l’ensemble souffre tout de même vraiment de ses choix scénaristiques. Dommage !

L’Ombre rouge

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