Nettoyage à sec



Après le remarqué Béatrice, Joris Mertens revient chez Rue de Sèvres avec un nouveau livre. Nous y suivons François, livreur pour une blanchisserie desservant hôtels de luxe et riches parisiens, proche de la retraite, baladant sa grande silhouette un peu triste et ses yeux de chiens battus. Régulièrement, il joue au loto, toujours les mêmes chiffres, et rêve d’une autre vie. Un nouveau collègue, imposé par la patronne, vient bousculer son quotidien. Même si tout semble se dérouler pareil chaque jour, des ennuis surviennent.
Si Mertens se lance dans les dialogues, après un premier album muet, il les traite tout de même une certaine économie avec un personnage principalement taciturne. Peu de mots donc, mais des planches somptueuses, à l’esthétique mêlant le vieux polar et la fin de siècle, sous des trombes de pluies. Curieusement, dans cette approche sombre, les couleurs sont chaleureuses, et on aimerait que la vie de cet homme s’arrange, qu’il gagne enfin à la loterie et puisse offrir à Maryvonne, la kiosquière, une maison à la mer…
Mais si une somme d’argent lui tombe soudainement entre les mains, tout ne se passe pas comme prévu, et une dizaine de cadavres se pointent avec. Un renversement qui arrive en quasi fin d’album, pourtant présent dans tous les résumés, et pour cause : si sa gestion est parfaitement traitée et entraîne une fin d’une grande beauté, c’est au fond assez anecdotique dans l’ensemble, qui semble d’abord un hommage au cinéma et au roman noir. La référence à Scorsese est directement posée, et ici tout respire ce genre d’influences. Toutefois, l’auteur ose des cadrages originaux, qui poussent le dessin en bord de page, dans des séquençages très efficaces et prenants.
Avec ce titre très différent du précédent, édité avec soin, Mertens transforme l’essai et rend très curieux de sa prochaine tentative, qui ne ressemblera sans doute à, aucune des deux précédentes.
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