Le monde est frappé par une épidémie bien plus coriace qu’un coronavirus : la métamorphie. Les individus atteints se transforment peu à peu en animal. Dauphin, oiseau, cerf, tout est possible, l’espèce étant souvent en lien avec la personnalité du malade. Les symptômes se développent petit à petit, une oreille, une patte, une fourrure, des cornes, mais inéluctablement, la bête prend le dessus. Sans qu’on sache vraiment s’il reste un peu d’humanité sous les plumes ou les écailles… Ce qui fait que les personnes malades sont peu à peu mis au ban de la société. Hand va devenir un panda et a trouvé un job d’assistant pour un détective privé qui, ce n’est pas un hasard, s’occupe souvent d’affaire de métamorphie. Son empathie pour ses clients est évidemment très forte, mais ses enquêtes le renvoient à sa propre condition d’humain en sursis…

Pump Sawae propose ici une histoire douce-amère, au ton oscillant entre le poétique et le dépressif. Le monde dépeint dans ce manga est en train de sombrer, lentement, la nature semblant reprendre ses droits sur des humains qui ont échoué. Mais ramené à des trajectoires individuelles, ce syndrome est un bon révélateur des caractères : la transformation n’est ainsi pas vécue par tous comme une malédiction, et chaque chapitre en forme d’enquête unique donne une nouvelle vision de la métamorphie. Toutefois, le rythme lent et des dialogues mous rendent la succession des séquences un peu répétitive, et le trait alterne entre le fade et l’élégant. L’impression de lecture est globalement positive, par l’atmosphère générale installée mais l’ennui sourd parfois, la faute à un manque de rebondissement et un héros un peu trop effacé.

La chute donne de l’espoir pour un prochain tome, mais hélas, Pump Sawae n’a toujours pas publié la suite de ce manga sorti en 2018…