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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | December 5, 2025















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Redécouvrir Raghnarok, le premier envol de Boulet

25 août 2025 |

ragcouv1Pour beaucoup de lecteurs, Boulet est apparu avec son blog lancé en 2004. S’il est excellent et fondateur pour nombre de fans de cette époque, pour d’autres le blog était l’occasion de retrouver un de leurs auteurs favoris de Tchô !. Remarqué par Zep après ses études à Strasbourg, il y développe plusieurs séries : La Rubrique scientifique (sorte de Rubrique à brac ado avec, déjà, un alter ego autofictionnel), Womoks (des gags dans un univers SF, avec Reno) et Raghnarok, première d’entre elles, une série de fantasy humoristique autour d’un petit dragon au nom effrayant, qui peine à tenir cette promesse.

On a souvent parlé pour Raghnarok de parodie de fantasy, ce qui est plutôt inexact. Il s’agit assurément de gags qui, au fil des pages et tomes, construisent un univers de plus en plus vaste, jusqu’à se laisser aller au récit long dans ce que l’on croyait être les deux derniers volumes (les tomes 5 et 6 : Tempus fugit, 2007 et Casus belli, 2009). Rupture dans la forme narrative, ces albums, parus après plusieurs années de pause – qui ont notamment amené Boulet à dessiner une autre série de fantasy humoristique et sérieuse à la fois, Donjon Zénith – sont aussi marquées d’une évolution graphique. Le dessin tire vers plus de réalisme – ou de ce qui s’y apparente, car quel réalisme dans un elfe ? – et se pare de couleurs directes. Le ton est également plus sombre, apparaissant en cela précurseur d’une évolution d’un certain nombre de séries franco-belges qui grandiront de la même manière dans les années suivantes (Mélusine, Les Nombrils, Lou…).

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Avant ces deux volumes, les gags tournent principalement autour du décalage d’un petit dragon ne réussissant pas à voler malgré les efforts de sa mère, qui le jette régulièrement du haut de montagnes, de sa fée à la baguette bien trop enfantine ou de Roxane, mystérieuse enfant guerrière dont le destin se dessinera au fil de l’eau. Dans leur univers, les dragons gardent la forêt et vivent dans un contact moyennement affectueux, mais présent, avec les humains contemporains, la rencontre des deux mondes s’explicitant au fil de l’eau – n’hésitant pas à développer une fable écologiste (et franchement anticapitaliste) inattendue.

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Dès les premiers albums, la série est drôle, jouant des codes sans les moquer. On sent que Boulet, qui admet qu’il s’agit de sa série favorite entre toutes, connaît la fantasy et veut y ajouter sa patte. Rapidement, le petit personnage est attachant, comme sa simili-Clochette énervée. La galerie s’étoffe avec Roxane, donc, ou la Grand-mère, toujours sur son tas d’or et brûlant avec flegme les humains conquérants. Tout cela motive Raghnarok au végétarisme, et risque de l’éloigner de son objectif de devenir un grand dragon comme son père. Une figure dont l’environnement entièrement féminin du père du dragonneau souligne rapidement l’absence, justifiée par une astuce narrative qui replace des frontières entre les mondes brouillés de la magie et des humains…

ragcouv2Glénat propose de redécouvrir la série sous un nouveau mode : deux recueils de trois albums, suivi d’un septième tome inédit. Cette unification permet de mesurer, notamment dans le deuxième volume, le bond de la série, mais aussi toute sa cohérence, et la manière dont des éléments ont été distillés au fil des ans.

Seul regret : avec une belle édition intégrale, pour une série à laquelle l’auteur est si attaché, il manque un peu de contexte. On aurait aimé lire un peu de bonus sur la création de la série, ses inspirations, son accueil… Ici le passionné n’a que deux, certes très belles, couvertures et quatrième de couverture inédites, donnant une cohérence graphique au tout.

Il aurait pu être intéressant d’évoquer l’existence éditoriale de la série. On trouve par exemple dans le Tchô ! n° 23 (août 2000) une des premières planches de la série, outre les couleurs et effets graphiques qui ne se font plus ainsi, on constate en comparant le gag avec la version album (voir ci-dessous) qu’elle a été entièrement redessinée. Combien cela a-t-il concerné de gags ? Était-ce exceptionnel ou quasiment tout un album a-t-il été redessiné comme cela arrive parfois pour de jeunes dessinateurs à leurs débuts ? Était-ce un désir de l’auteur ou de l’éditeur ? Des exemples de questions auxquelles un petit dossier avec des croquis/témoignages/entretiens aurait pu répondre, mais qui n’existe pas, ce qui est quand même regrettable.

Dommage, mais cela ne doit pas faire bouder le plaisir de (re)découvrir Raghnarok, notamment en pensant à son premier public : les enfants et adolescents qui, généralement, n’ont encore pas grand-chose faire des questions patrimoniales.

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Raghnarok, livres 1 et 2
Par Boulet.
Glénat, 144 p., 20 €.

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boulet

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