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Rusty Brown

10 décembre 2020 |
SERIE
Rusty Brown
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
49.95 €
DATE DE SORTIE
04/11/2020
EAN
2413022600
Achat :

Un petit garçon rouquin maladroit et timide. Une jeune fille mal dans sa peau, qui arrive dans une nouvelle ville. Un prof de lettres falot, vague écrivain de SF, dépressif. Son collègue d’arts plastiques, pathétique artiste peintre et obsédé sexuel. Une solide et douce maîtresse de CE2. Un ado friqué, prétentieux et détestable. Tous se croisent dans établissement propret d’une petite ville du Nebraska. Mais qui sont-ils? D’où viennent-ils? Et que deviendront-ils ?

rusty-brown_image2 Composé sur quelque 18 années, ce récit choral à tiroirs est un nouveau chef d’oeuvre de construction et de mise en scène de l’Américain Chris Ware. On y retrouve les thèmes chers – obsessionnels – du créateur de Jimmy Corrigan, à savoir la solitude, la dépression, l’échec en littérature et en amour, l’attrait pour la science-fiction des années 50-60, la dureté de l’enfance, l’angoisse de l’adolescence et le flip de la quarantaine… Pas vraiment de raison de se réjouir de vivre, chez Chris Ware. L’auteur préfère ainsi disséquer les êtres qui manquent de confiance et qui rêvent de devenir les héros de leur vie (et ratent), plutôt que de suivre les pas des chanceux et des leaders. Dès lors, ses bandes dessinées dégagent une tristesse intense, mais sans misérabilisme. En effet, même si l’on exècre ou si l’on est mal à l’aise avec nombre de ses protagonistes, on finit par ressentir une forme d’empathie avec certains d’entre eux. Car Chris Ware explore leurs failles, leurs doutes et révèlent les traumatismes – l’enfance, souvent – qui les ont fait naître.

Mais plus que des thématiques et des trajectoires somme toutes déjà vues, l’auteur de Building Stories brille par une mise en scène foisonnante, d’une complexité hallucinante et d’une précision frisant la perfection. Découpages labyrinthiques, jeu sur les typos et les formes géométriques, construction de récits toujours innovante… Chris Ware déploie une palette unique de narration en bande dessinée, où chaque mot (parfois écrit en minuscule, à vos loupes !) et chaque trait est posé à dessein. Du grand art, encore une fois, au sein d’une édition ultra léchée.

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Une petite impression de déjà-vu et de ronronnement naît cependant dans la première moitié du récit, surtout pour les lecteurs ayant déjà affronté Jimmy Corrigan et Bulding Stories, qui parlent peu ou prou de la même chose. Mais le récit consacré au vilain Jordan vient apporter un ton différent, générant des sentiments plus complexes. Et le dernier volet, centré sur l’admirable prof noire dévouée, est très touchant. Comme quoi, une architecture narrative sophistiquée ne nuit pas à l’émotion. Mais il faut sans doute être Chris Ware pour réussir. Et il n’y a qu’un Chris Ware.

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