Sélection comics – The Moon is following us
L’auteur de Do a Power Bomb ! aborde la parentalité à sa manière : épique et haute en couleurs. Un nouveau coup de maître pour Daniel Warren Johnson, hyperactif surdoué de la BD américaine.
Depuis six mois, Penny, la fille de Sam et de Duncan est inexplicablement plongée dans un sommeil inébranlable. Après avoir épuisé les avis de tous les experts en médecine, le couple reçoit la visite d’un mystérieux magicien flanqué d’une armée de chouettes et nommé Tash Severin. Ce dernier les convainc de l’accompagner dans les rêves de la fillette où elle est en fait retenue prisonnière par une armée de monstres, la Cascade. À l’aide de casques de réalité virtuelle magiques, ils rejoignent dans le Monde onirique la Résistance armée menée sur place par les jouets de Penny.
Comme la série Birthright de Joshua Williamson, The Moon is following us excelle à mettre en scène l’irruption de la fantasy dans notre quotidien avec, par exemple, la meilleure réquisition à fin narrative d’un siège auto enfant. Dans ce généreux récit complet saturé de trouvailles, Daniel Warren Johnson (Do a Power Bomb !) convoque un ahurissant bestiaire figurant, entre autres chimères : un ourson en peluche bodybuildé, une chauve-souris vendeuse d’armes ou encore un crabe-char d’assaut. De quoi s’amuser au dessin et, associé à Riley Rossmo, DWJ fait montre d’une énergie communicative. Entre deux double pages spectaculaires, le Canadien n’oublie pas, comme à son habitude, de soigner ses personnages.

La sculpturale Sam, plongée directement dans l’action, se change en Valkyrie tempétueuse. Pas sans rappeler une certaine Wonder Woman que DWJ a justement mise en scène dans le superbe one shot Dead Earth. Comme dans la vraie vie, Sam se révèle une fois confrontée à la Cascade, débordante de ressources et d’initiatives. Duncan, lui, se place d’emblée en retrait, cédant volontiers le lead au grand dam de sa partenaire, dans un parfait reflet de leur dynamique maritale à la ville. Les intentions de Daniel Warren Johnson sont transparentes et l’ombre du Mister Miracle de Tom King et Mitch Gerads plane sur The Moon is following us.
Comme Scott Free et Big Barda, les héros de de Mister Miracle, Duncan et Sam livrent bataille en discutant à bâtons rompus, comme on suit une thérapie de couple. En sauvant leur fille, ils espèrent aussi par la même occasion remettre sur de bons rails leur relation, sévèrement secouée par la maladie de Penny et par d’autres démons personnels, enfouis plus profondément. L’univers faussement naïf de l’ouvrage, peint aux couleurs de l’imaginaire d’une enfant de 6 ans, n’est pas dépourvu de noirceur, et DWJ ne s’effraie pas d’aborder des thèmes difficiles. Riche en émotions et en rebondissements, délivré sans temps mort, The Moon is following us se pose en digne héritier des meilleures épopées parentales publiées chez Image Comics et ravira les fidèles de Black Science ou Saga.
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The Moon is following us.
Par Daniel Warren Johnson et Riley Rossmo.
Urban Comics, coll. Urban Indies, 248 p., 25 €, septembre 2025.
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