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Serge Lehman : « Il y a de la place pour un super-héros contemporain en France »

25 juin 2012 |

lehman_introAprès La Brigade chimérique, ambitieuse et sombre série pour laquelle nous l’avions déjà rencontré, l’écrivain et scénariste Serge Lehman revient avec Masqué, dont le deuxième tome vient de sortir chez Delcourt. Pour prouver à nouveau que les super-héros ont un avenir dans la BD française. Rencontre avec un auteur féru de philosophie et de comics, qui n’a pas fini de creuser son sillon dans la bande dessinée.

masque_herosL’idée de Masqué est-elle liée à La Brigade chimérique 
Pendant la publication de la Brigade, en 2009, David Chauvel, éditeur chez Delcourt, m’a proposé de travailler sur un scénario. C’était au moment de la présentation au public des dessins du concours du grand Paris qui repoussaient les limites de la ville. Ainsi, au cours de nos conversations, nous avons pensé que, dans le contexte actuel, il y avait de la place pour un super-héros contemporain.

La Brigade chimérique, projet atypique publié chez une maison d’édition non spécialisée BD, a-t-elle rencontré son public ? 
À la base, l’Atalante est en effet une maison d’édition spécialisée dans la littérature. Avec les éditeurs, nous avions l’idée de lancer une collection de BD, Flambant neuf, dans laquelle une vingtaine de titres a été publiée. La Brigade chimérique s’est étonnamment bien vendue, alors que nous pensions nous adresser à un public restreint, avec un format proche des comics et des personnages de super-héros. Le tirage initial de l’Atalante est presque épuisé et, à la rentrée, nous publierons l’intégrale en un album de 300 pages. La Brigade chimérique sortira d’ailleurs prochainement aux États-Unis, nous sommes actuellement en négociation avec un éditeur.

masque_parisDans quel monde évoluent les héros de Masqué
Il s’agit d’une parachronie: c’est notre monde mais avec des différences notoires.

Leur univers fait-il référence à des personnages existants, notamment des politiques ?
Il y a bien sûr des clins d’œil. J’ai commencé cette série au moment d’un pic d’attention sur la politique de Nicolas Sarkozy. Cependant, on ne peut pas dire que, dans Masqué, le préfet est un double de l’ancien président, les choses sont plus complexes. De plus, je ne suis absolument pas quelqu’un de manichéen, mes personnages ne le sont pas non plus. Le seul personnage réellement sympathique dans la BD est Raphaëlle, la sœur du héros. Pour les autres, on a toujours un doute. Ainsi Braffort semble-t-il étrangement attiré par le mal. Il pourrait pencher du côté obscur.

D’où viennent les noms des personnages, comme Braffort ou Villanova ? 
C’est lié à une réflexion personnelle sur le sens des noms. En anglais, les noms ont conservé des significations fortes. Braffort évoque Armstrong.

Même s’ils sont proches, Masqué est plus grand public que la Brigade. 
Cette série est en effet plus grand public et plus accessible que La Brigade chimérique, mais c’est aussi lié au fait que j’apprends à écrire en tant que scénariste et à épurer. Ainsi les deux premiers albums de Masqué sont beaucoup moins bavards que ceux de La Brigade. J’aime écrire et j’ai écrit de nombreuses nouvelles et romans. Et j’ai dû apprendre qu’en BD, tout n’a pas besoin d’être dit. Mais Masqué conserve de nombreuses références philosophiques : il y a un propos culturel sous-jacent avec le situationnisme de Guy Debord et la psychogéographie. Mais on peut aussi lire Masqué avec plaisir sans saisir ces références un peu pointues. J’espère que des enfants aussi pourront l’apprécier, c’est mon but !

masque_braffort

Braffort est-il le fils spirituel d’un super-héros présent dans La Brigade 
Non, mais des liens existent. Si Masqué se poursuit au-delà du quatrième tome, un héritage de la Brigade chimérique se manifestera.

masque_2couvConcernant les plans de la ville, avez-vous cherché le réalisme à tout prix ? 
Au niveau de la charte graphique avec le dessinateur Stéphane Créty, qui a travaillé d’après photo, nous ne voulions pas montrer une seule époque, un seul style. Les plans mélangent l’ancien et le moderne.

On trouve des influences de Pratt, de Tardi dans les dessins et l’atmosphère…
Cela ne doit rien au hasard. Enfant, je lisais les histoires d’Hugo Pratt dans Pif gadget. Il m’a beaucoup marqué, j’aime la mélancolie de ses personnages. Tardi est un des plus grands dessinateurs de Paris. Dans les scènes de Masqué à Montmartre, sous la terre, on retrouve des atmosphères présentes dans ses albums. Mais techniquement, je dois plus à Alan Moore.

masque_fuseurQuel est votre super-héros préféré ? 
Je garde un vrai amour pour Superman et Batman que je lisais enfant. Plus tard, avec Métal hurlant, j’ai découvert la contre-culture. Je suis fan d’un dessinateur comme Mike Mignola: ce qu’il fait est très beau et profond, tout en restant très simple.

Comment expliquer vos études classiques et votre passion pour les super-héros ? 
Cela s’est fait à l’envers. Je suis fan des super-héros depuis l’âge de 10 ans. Cela m’a amené à la littérature et à faire une hypokhâgne et une année d’anglais à la fac. Après, j’ai travaillé trois ans dans les librairies Album, avant que cela ne devienne une chaîne. J’aime la conciliation et le mélange des genres. Donc, après, j’ai repris des études d’histoire des sciences.

Vous avez choisi le principe des séries, revenant un peu au feuilleton, à la base de la littérature populaire. 
Le feuilleton est intéressant car s’il continue, il permet d’aller très loin dans l’exploration des personnages.

Quels sont vos autres projets ? 
Je prépare un album « extra chimérique » avec Gess, une sorte de spin off qui devrait voir le jour début 2013. Cela s’appellera L’Homme truqué, le format sera plus grand que celui de la Brigade, mais conservera un côté comics. En parallèle, je monte plusieurs projets avec David Chauvel. Et pas forcément des super-héros.

Propos recueillis par Eloïse Fagard

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Masqué #1-2.
Par Stéphane Créty et Serge Lehman.
Delcourt, 13,95 €.

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Commentaires

  1. Francois Pincemi

    D’un coté, je suis attiré par ce livre (Fantomas est l’un des premiers super-héros français). De l’autre, quand je lis dans l’interview qu’on y trouve des références au « situationnisme de Guy Debord et la psychogéographie », je m’interroge: le livre est il bien à sa place chez Delcourt ?

  2. Francois Pincemi

    D’un coté, je suis attiré par ce livre (Fantomas est l’un des premiers super-héros français). De l’autre, quand je lis dans l’interview qu’on y trouve des références au « situationnisme de Guy Debord et la psychogéographie », je m’interroge: le livre est il bien à sa place chez Delcourt ?

  3. La plupart des super-héros sont des super-flics, ce qui explique sans doute que la France n’est pas une terre de super-héros ?

  4. La plupart des super-héros sont des super-flics, ce qui explique sans doute que la France n’est pas une terre de super-héros ?

  5. Ziggy

    La France n’est pas vraiment une terre de super héros parce que les titans ne peuvent naitre que dans des grandes puissances économiques et industrielles qui édifient des « Metropolis ».
    Un Superman français est difficilement imaginable.
    Mais cela dit, il reste de la place, en France, pour des héros mystérieux, nocturnes et « sous terrains » comme Batman, un peu à l’image de la résistance durant la seconde guerre mondiale.
    Ce qui peut expliquer pourquoi Batman est un des héros costumés qui marche le mieux, en dehors des Etats Unis.
    Contrairement à ce que pense Serge Lehman, je ne crois pas que ce soit le nazisme qui a cassé l’image du surhomme dans l’Hexagone. Plutôt le sentiment de « non victoire » au sortir de la guerre pour les français, dont le grand vainqueur fut les USA qui ont aussitôt inondé l’europe de chewing gums, de bas nylon et…de comics^^.

  6. Ziggy

    La France n’est pas vraiment une terre de super héros parce que les titans ne peuvent naitre que dans des grandes puissances économiques et industrielles qui édifient des « Metropolis ».
    Un Superman français est difficilement imaginable.
    Mais cela dit, il reste de la place, en France, pour des héros mystérieux, nocturnes et « sous terrains » comme Batman, un peu à l’image de la résistance durant la seconde guerre mondiale.
    Ce qui peut expliquer pourquoi Batman est un des héros costumés qui marche le mieux, en dehors des Etats Unis.
    Contrairement à ce que pense Serge Lehman, je ne crois pas que ce soit le nazisme qui a cassé l’image du surhomme dans l’Hexagone. Plutôt le sentiment de « non victoire » au sortir de la guerre pour les français, dont le grand vainqueur fut les USA qui ont aussitôt inondé l’europe de chewing gums, de bas nylon et…de comics^^.

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