Sous la lune de Taisho



En pleine ère Taisho (1912-1926), Tamako Kikusui est la seule descendante d’une lignée qui risque de s’éteindre. Lors d’une visite de contrôle de sa fécondité, c’est le coup de foudre. La vue de Nozomi Terashima, le médecin qui l’ausculte, est une véritable révélation pour la jeune femme. Elle, qui tombe amoureuse pour la première fois de sa vie, et qu’on a promis à un autre, regrette d’être bien née. Qu’importe, elle l’embrasse en cachette, avec tous les risques que cela comporte. Car, cet homme, simple roturier, elle ne pourra jamais l’aimer au grand jour.
La couverture au style Art nouveau choisie par les éditions Akata attire l’œil. Et il faut dire qu’elle colle bien à ce que l’œuvre transmet comme émotions. Pleine d’élégance, l’esthétique raffinée et fleurie de son dessin est un mélange des œuvres d’Alphonse Mucha associées à l’amour et la passion du Baiser de Gustav Klimt. Ce qui retranscrit tout ce qui fait le cœur de l’œuvre de Hiromi Ebira. De la prestance des personnages, à la mise en page classique et classieuse. De la narration flottante, lente et tout en retenue, à l’image de leur relation chaste et interdite. Du minutieux travail sur les visages et les postures, aux ombrages sophistiqués.
L’histoire qui est contée ici est somme toute triviale, c’est celle d’un amour interdit par des règles sociales rigides. Mais, prépubliée dans le magazine Flowers qui n’a de cesse de surprendre par la qualité de ses productions (voyez vous-même : Chiisako Garden, Kids on the slope, Kamakura Diary, 7 Seeds, Voyage au bout de l’été…), Sous la lune de Taisho n’a pas à rougir de la comparaison au travail de ses consœurs. Son ton adulte, posé et réfléchi tranche avec le tout-venant du marché du shojo. Les non-dits, la réserve et la chasse au superflu font tendre le récit vers l’épure. Dramatique et étonnant, jusqu’à la fin.
DIANA © 2014 Hiromi EBIRA / SHOGAKUKAN – Traduction : Gaëlle Ruel
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