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Un inédit de Georges Pichard, maître de l’érotisme

14 novembre 2008 |

pichard_couv« Spécialiste ès érotisme » ou encore « Sade contemporain ». Voilà comment Patrick Gaumer définit Georges Pichard (1920-2003) dans le Larousse de la BD. C’est comme ça qu’on le retrouve dans son album posthume L’Enquêteuse, récit réalisé en 1996 mais jamais publié en librairie. Georges Pichard avait écrit et dessiné l’histoire de ce détective privé au féminin pour la revue Bédé X. pichard_caseAlors qu’il planchait sur la couverture pour la version reliée, il fut victime d’un accident vasculaire cérébral. Il s’en remit mais ne fut plus en mesure de dessiner et le livre ne fut jamais édité.

Les éditions Dynamite, spécialistes de la BD pour adultes, ont eu la riche idée d’y remédier. Elles nous permettent ainsi de plonger dans les fresques sadiques de L’Enquêteuse. Clorinde, blonde impudique possédant la gouaille de Nestor Burma, est chargée de photographier une épouse volage. Son enquête la conduit au Purgatoire, où des femmes masochistes se font enfermées pour subir de perverses tortures.pichard_case_2 De son graphisme noir et chargé, moins soigné que d’habitude mais toujours aussi puissant, George Pichard expose avec sincérité et générosité ses vicieux fantasmes. Sans oublier pour autant de se faire drôle – en moquant ces agents de la SNCF toujours en grève – ou même critique en attaquant ces puissants qui peuvent tout se permettre grâce à leur fortune. En effet, Le Purgatoire qu’infiltre notre enquêteuse s’avère être une sorte de secte dédiée au bon plaisir d’un riche notable.

Car, le dessinateur de Blanche Epiphanie, Paulette et Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope, n’écrivait pas de simples histoires érotiques. Comme le souligne Henri Filippini dans l’Encyclopédie de la bande dessinée érotique, «à sa manière, [Georges Pichard] livra un combat contre les excès de la religion, les empêcheurs de tourner en rond, les censeurs, l’État, bref, tout ce qui empoisonne la vie d’un honnête homme.» Ou d’une honnête femme… Après 48 pages de langues percées, vulves fouettées et de bondage échevelé, Clorinde retrouve avec soulagement les plaisirs du sexe «à peu près normal». Son aventure s’achève sur le bonheur d’une libido riche et assumée. Belle épitaphe pour le maître de la pornographie en BD.

© Dynamite

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