BD Colomiers 2025 : l’exposition Aniss El Hamouri
À l’occasion de la parution de Prison et Ciel, deuxième tome de la trilogie Ils brûlent (éditions 6 Pieds sous terre) de l’artiste belgo-marocain Aniss El Hamouri, le festival BD Colomiers lui consacre une exposition du 21 au 23 novembre 2025, intitulée Prison, Secret, Rivière.
On y découvre les coulisses de la création de cette œuvre au long cours qui s’inscrit dans un univers médiéval fantastique. Bon à savoir : l’exposition sera ensuite visible du 27 janvier au 24 mars 2026 au théâtre des Mazades, à Toulouse.
Une exposition accessible aux non-initié·es, car en avançant de quelques pas, un panneau prévient : « Vous qui avez la chance de ne pas encore connaître l’histoire, voici ce que vous avez besoin de connaître avant de continuer votre chemin. Dans un monde médiéval hostile où sévit une implacable chasse aux sorcières, le jeune Georg aide Ongle et Pluie, deux étranges jeunes filles au passé traumatique, à fuir le Sancutaire, une prison de l’Inquisition. Dotées de pouvoirs effrayants pour le commun des mortels et bien incapables d’expliquer leurs origines, ni même qui elles sont, Ongle et Pluie, accompagnées de Georg, se lancent dans une errance désespérée à travers le pays. (…) »
Une scénographie d’inspiration médiévale
On chemine à travers des panneaux en bois entrecroisés, qui rappellent aussi bien le bûcher destiné aux sorcières que les bois où se réfugie le jeune trio lorsqu’il fuit l’Inquisition. Des cordes (de pendaison ou d’écartèlement, au choix) et des chaînes en métal pendent ici et là : on n’oublie pas qu’Ongle et Pluie ont longtemps été prisonnières ni les sévices qu’elles ont subis avant de s’échapper.
Après un espace présentant les débuts de l’auteur, on entre dans le vif du sujet. À l’origine, en 2017, Ils brûlent a été initié sous la forme de récits courts. Des fanzines ensuite repris pour le début de Cendre et Rivière (2022), le volume 1 de la trilogie (le tout premier zine est d’ailleurs offert aux visiteur·ses de l’exposition).
Centrée sur l’actualité d’Aniss El Hamouri, l’exposition propose au public d’admirer de nombreuses planches originales du volume 2, certaines encrées au Rotring, où apparaissent les crayonnés bleus, d’autres dessinées directement au crayon foncé et utilisées comme telles dans l’album pour les scènes de flash back. L’auteur explique un peu plus loin comment il travaille la couleur, à base d’un lavis d’encre de Chine qu’il applique sur une feuille à part, utilisée comme un calque avec une table lumineuse, avant de finaliser à l’ordinateur la colorisation et l’assemblage avec le dessin original.
Macrales et caphyres
Si l’on échappe au bûcher qui trône au centre de l’exposition, on poursuit vers les macrales (sorcières, dans le folklore wallon) et les caphyres (du mot arabe Kafir, « incroyant » ou « infidèle »).

Avec la chasse aux sorcières, Ils brûlent aborde le sujet de l’oppression d’une minorité ostracisée. « La violence est d’abord sociale : elle exclut des individus sur la seule base de leur identité, car ils sont perçus comme une menace par le simple fait d’exister », rappelle Aniss El Hamouri, co-commissaire de l’exposition avec le festival BD Colomiers.
Enfin, il est question de deuil, puisqu’il est question de séparation du trio dans Prison et Ciel... mais après la mise en bouche qu’offre l’exposition, le mieux est de se plonger dans la lecture des livres !
© photos : BoDoï.













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