Les Moutons veulent du sel
Christian aime traîner avec ses copains, sécher les cours et jouer à la bagarre. Ça lui permet d’éviter de penser à son quotidien à la maison, avec un père alcoolique et violent et une mère dépassée. Heureusement, son grand frère le protège autant que possible. Un jour, il découvre une jolie maison abandonnée non loin de la plage, et propose à ses amis d’aller s’y amuser. Mais elle est occupée par un berger flippant et ses moutons. Un lieu étrange, qui deviendra un refuge pour Chris quand la situation va dégénérer chez lui…
Premier roman graphique de l’Italien Emanuele Cantoro après quelques récits courts, cet album s’inscrit dans une tradition italienne de la BD d’adolescence, dans un registre âpre et sans concession que ne renierait pas Gipi (Le Local, Notes pour une histoire de guerre, La Terre des fils). Ici, une histoire très simple, à l’os, un chapitre intense dans la vie d’un gamin de 13 ans, qui voit son noyau familial exploser dans l’amertume quotidienne et le sang, et son groupe d’amis se retourner contre lui. Un bout de nature improbable aux portes de sa cité lui offrira un moignon d’espérance, qu’il tentera de saisir… Avec un dessin au crayon parfois proche du croquis sur le vif, comme réalisé dans l’urgence de (sur)vivre, Emanuele Cantoro ne choisit pas la facilité, fin de susciter l’inconfort, le trouble chez son lecteur. C’est réussi : cette plongée vibrante dans une misère banale se lit comme un condensé d’émotions et de rage, qui laisse un sentiment d’impuissance, de chagrin, puis de maigre espoir.
Traduction : Aude Lamy






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