Les Sanctuaires
Sébastien, jeune dessinateur prometteur, a une vie amoureuse compliquée et une carrière en devenir. Alors qu’il navigue entre la France et le Japon, son corps se rappelle à lui de la plus violente des manières : une première jambe se retrouve quasi paralysée sans explication, puis la deuxième devient également extrêmement douloureuse. Les médecins ne trouvent rien de physiologique, et donc pas de traitement. Circonspect, angoissé et souffrant le martyre, mais aussi doté d’une ferme volonté de trouver une solution cet étrange mal, Sébastien va se plonger dans les ouvrages de méditation asiatique et y trouver bien plus qu’une inspiration…
Dans cette autobiographie au dessin vivant illuminé d’encres colorées douces, Sébastien Pons raconte sans détour sa découverte des médecines parallèles, et du pouvoir de l’esprit sur le corps, sans se leurrer sur la réputation de ces pratiques. Car pour un esprit rationnel, il est difficile de croire qu’en respirant d’une certaine manière pendant plusieurs heures par jour on peut faire disparaître des douleurs atroces, ou qu’on peut soigner des blessures par téléphone. C’est tout à son honneur d’essayer de se cantonner à un témoignage intime sans trop prêcher en faveur des rebouteux, et de convoquer des personnages secondaires de son entourage pour mettre en doute ses croyances, ce qui aide à l’identification des lecteurs sceptiques. Toutefois, si sa démarche semble équilibrée, on peut déplorer un certain manque de recul par séquences, et des scènes de bataille contre ses démons intérieurs dont le caractère cartoonesque détonne de trop. On le voit en effet se bagarrer contre des créatures chimériques, dans des chapitres illustrant son introspection et ses réflexions psychologiques : l’idée n’était pas inintéressante, mais le résultat est risible puis pénible, trop en décalage avec le reste.
Au final, ces Sanctuaires laissent une étrange impression. L’album capte par son message sur l’importance de se pencher sur ses relations aux autres ou la source de ses angoisses pour aider son corps à aller mieux. Mais il agace aussi par son emballement pour les préceptes de méditation qui pourraient remplacer toute approche scientifique (sauf à la fin, avec un sévère retour de bâton…) et un petit côté donneur de leçon par moments. Surtout, on se demande s’il fallait un si long (près de 400 pages) et onéreux livre pour raconter une telle tranche de vie…






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